Le 20 avril 2013, à Paris, dans les locaux de l’Espace Saint-Martin, l’Ancien et Mystique Ordre de la Rose-Croix a rendu un hommage public à Édith Piaf, qui en fut membre les huit dernières années de sa vie. De nombreuses personnes (membres et non-membres de l’A.M.O.R.C.) y assistèrent, dans une ambiance particulièrement fraternelle et conviviale.
À cette occasion, Hugues Vassal, photographe attitré d’Édith Piaf, cofondateur de l’Agence Gamma, présenta une conférence-spectacle Raconte-moi Édith. Quant à Serge Toussaint, Grand Maître de l’A.M.O.R.C., il prononça une allocution à sa mémoire dans le Temple rosicrucien, en présence de membres et de non-membres. Voici le texte de cette allocution :
HOMMAGE À ÉDITH PIAF, LA ROSICRUCIENNE
Mesdames et Messieurs,
Tout d’abord, je voudrais vous remercier pour votre présence à cet après-midi consacré à Édith Piaf. Comme vous le savez, de nombreux hommages lui ont été rendus au cours des derniers mois et se poursuivront tout au long de cette année 2013. Mais ce qui fait la particularité de celui qui nous a réunis aujourd’hui, c’est qu’il s’adresse, non seulement à l’artiste qu’elle fut, mais également à la Rosicrucienne qu’elle a été. C’est ce qui explique que nous soyons maintenant assemblés dans ce Temple de la Rose-Croix.
Lorsque j’étais enfant, Édith Piaf était très populaire, et je me rappelle combien mes parents, mon père en particulier, aimait l’entendre chanter. À cette époque, j’étais plutôt indifférent aux paroles de ses chansons, d’autant plus qu’elles s’adressaient à des adultes, mais sa voix me subjuguait par son timbre, sa puissance et ce que j’appellerai son « imprégnation », à défaut d’un terme plus approprié. Plus ou moins consciemment, j’avais l’impression que c’était sa personnalité profonde, son âme, qui vibrait et s’exprimait à travers elle. Je n’imaginais pas qu’un jour je serais amené à parler d’elle pour honorer sa mémoire et que nous aurions en commun d’avoir appartenu à la Fraternité rosicrucienne.
De nombreux livres et plusieurs films ont été consacrés à Édith Piaf. Mais sans vouloir polémiquer ou me laisser aller à des jugements de valeur qui pourraient sembler arbitraires, la plupart de leurs auteurs n’ont pas su lui donner toute sa dimension. Certes, ils ont retracé sa carrière de chanteuse avec une certaine fidélité, mais l’image qu’ils ont donnée de la femme qu’elle fut reste superficielle et parfois même caricaturale, à savoir dominatrice, nymphomane, capricieuse, dépressive, alcoolique, superstitieuse, dévote, etc. Certes, elle n’était pas parfaite et ne prétendait pas l’être. Mais ceux qui l’ont vraiment connue et qui, de toute évidence, n’ont pas été contactés pour la rédaction de ces livres ou la réalisation de ces films, savaient et savent que derrière cette image médiatique se cachait une très belle personnalité et, plus encore, une très belle âme.
Fort heureusement, quelques auteurs ont su rendre à Édith Piaf l’hommage qu’elle méritait. Parmi eux, je citerai Hugues Vassal, qui nous a fait l’amitié d’être parmi nous et de nous la raconter avec tant d’émotion. Ami intime et confident d’Édith, il a écrit plusieurs livres remarquables sur elle, parmi lesquels «Dans les pas d’Édith Piaf», dans lequel il explique de quelle manière elle en est venue à s’affilier à l’Ordre de la Rose-Croix. Sachant qu’elle en avait été membre, il me contacta en 2009 pour échanger sur ce point. Nous nous sommes donc rencontrés au siège de l’Ordre, en Normandie, et nous avons aussitôt sympathisé. J’ai alors compris à quel point il aimait et connaissait bien Édith, et l’on ne peut s’étonner qu’il ait su si bien la photographier, comme en témoigne magnifiquement le livre-album Édith Piaf, une vie en noir et blanc, qu’il vient de coéditer avec Jacques Passis.
Dans l’un de ses premiers livres, publié en 1986 sous le titre Piaf mon amour, voici ce que Hugues Vassal écrivit à son propos : « Je possédais maintenant tout ce qui faisait – et fait encore et toujours – la propre pulpe spirituelle d’un être qui fut une grande artiste, et reste une femme terriblement émouvante, bouleversante, pour qui la foi, la religiosité, la communication avec l’invisible, l’ailleurs, vont de pair avec la vie elle-même et ne peuvent en être séparés sous quelque prétexte que ce soit. Vouloir retirer à Édith son attachement mystique, négliger ses élans spirituels même s’ils sont parfois balbutiants et imparfaits, c’est ôter toute substance à l’être ; c’est tout simplement la nier et la faire disparaître, ne laissant plus qu’une poupée vide et sans vie. Il doit en être de même pour nous tous. » Assurément, cet extrait du chapitre intitulé « Piaf mystique » montre à quel point Hugues Vassal a su lire dans l’âme d’Édith.
Un autre auteur a su aller au-delà des apparences et percevoir la personnalité profonde d’Édith. Il s’agit de Frédéric Brun, que nous sommes également très honorés d’avoir parmi nous. Son père, le célèbre parolier Jean Dréjac, fut lui aussi un ami intime d’Édith Piaf. Lorsqu’il décéda en 2003, Frédéric eut accès à sa correspondance personnelle et apprit incidemment qu’il avait également été membre de l’A.M.O.R.C. Quelques années plus tard, en 2008, il demanda à me rencontrer, et c’est ainsi que nous avons fait connaissance. En 2010, à l’occasion d’un livre consacré à quelques-uns des grands interprètes de la chanson française, il rédigea à la demande de l’éditeur un très beau chapitre sur Édith Piaf, non sans évoquer sa quête spirituelle et son appartenance à l’Ordre de la Rose-Croix.
Permettez-moi également de citer un extrait de ce que Frédéric Brun a écrit au sujet d’Édith Piaf : « Édith Piaf revient régulièrement dans les médias. De nombreuses biographies ont été écrites sur elle ces dernières années. Le long métrage qui lui a été consacré, “La môme”, a remporté un vif succès dans le monde entier. Ce film choc correspond bien à notre époque et caricature sa vie à l’excès. Je ne suis pas certain que le spectateur connaisse réellement Édith Piaf après l’avoir vu. Qui peut prétendre d’ailleurs vraiment la connaître ? Édith a bien plus de profondeur et d’étoffe que cette chanteuse de rues devenue une idole, à l’allure rock, délurée, droguée et surexcitée que son réalisateur, malgré son talent, a voulu nous présenter. Il existe une autre Édith, méconnue, plus secrète. Au-delà de sa force et de sa fragilité, de ses succès et de ses déboires, de ses accidents, de ses problèmes de santé, de ses amours dispersés, de ses résurrections, se cache une femme croyante, cultivée, qui a toujours cherché à sonder les richesses et les mystères de l’existence. »
Puisque je me suis référé à Jean Dréjac, père de Frédéric Brun, je voudrais partager avec vous un souvenir particulier. Sachant qu’il était membre de l’A.M.O.R.C. depuis de nombreuses années, je songeais depuis longtemps à le contacter, afin d’en savoir davantage sur sa rencontre avec Édith Piaf. Mais je n’osais pas l’importuner. Finalement, je me suis décidé à lui téléphoner et ce fut pour moi, et je crois pour lui aussi, un échange particulièrement émouvant. Il m’expliqua notamment comment, par amitié pour elle, il s’affilia sans grande conviction à l’Ordre de la Rose-Croix, avant de découvrir combien cette voie mystique répondait à sa quête intérieure. Finalement, il en resta membre jusqu’à sa mort.
Au cours de notre conversation téléphonique, Jean Dréjac m’expliqua également que très peu de temps après s’être affiliée à l’Ordre de la Rose-Croix, Édith Piaf lui demanda d’écrire une chanson qui, d’une manière symbolique, exprimerait le bonheur qu’elle avait d’être devenue Rosicrucienne. Comme support, elle voulut utiliser une musique qu’elle avait entendue lors de la tournée qu’elle effectua en 1956 aux États-Unis, tournée durant laquelle elle visita le siège de la juridiction américaine de l’A.M.O.R.C. Ainsi naquit la chanson « Soudain une vallée », dans laquelle elle se réfère notamment à la Paix Profonde si chère aux Rose-Croix. Voici les paroles de cette chanson :
«Vous avez parcouru le monde.
Vous croyiez n’avoir rien trouvé
Et soudain, une vallée
S’offre à vous pour la paix profonde.
Vous avez dépensé vos rêves
Au hasard des bonheurs volés
Et soudain, une vallée
Où la voix d’un ami s’élève.
Marchant sous un nuage,
Perdus dans votre nuit
Tout seuls au cœur de l’orage,
Balayés par la pluie.
Vous traîniez des regrets immenses,
Des envies, des remords voilés
Et soudain, une vallée
Vous apprend que la vie commence.
Le ciel tout grand s’éclaire
D’amour et de bonté,
Soleil pour la vie entière
Et pour l’éternité.
Vous rêviez d’un bonheur immense
Sans espoir de jamais trouver
Et soudain, une vallée
Où l’espoir et l’amour commencent.
Et soudain une vallée
Où l’espoir et l’amour sont nés… »
Précisément, quel fut le cheminement spirituel d’Édith Piaf ? Comme vous le savez certainement, elle avait été baptisée dans la religion catholique. Très fervente dans sa foi, elle s’en remettait souvent à Jésus, à Marie et à Sainte Thérèse de Lisieux, parfois d’une manière quelque peu excessive. Comme beaucoup d’artistes, elle était également très superstitieuse. Mais derrière cette piété religieuse se cachait un désir intense de mieux comprendre le sens profond de la vie. Pour paraphraser le titre d’une magnifique chanson de Charles Dumont, qui fut également très proche d’Édith, elle « cherchait l’or du temps ». Sur sa demande d’affiliation à l’A.M.O.R.C., à la question « Pourquoi souhaitez-vous devenir membre ? », elle répondit d’ailleurs : « Parce que la recherche de la vérité me passionne et que je me sentirai plus près de Dieu en essayant d’approfondir et de comprendre ses merveilleux mystères ».
Certains auteurs, dont Hugues Vassal, ont dit d’Édith Piaf qu’elle était mystique. C’est tout à fait exact, mais au sens étymologique du terme. En effet, on donne souvent à ce mot un sens péjoratif, de sorte que de nombreuses personnes pensent à tort qu’un mystique est un individu éthéré sinon farfelu, inadapté à la vie et totalement dépourvu du sens pratique. En réalité, le mot «mysticisme» provient du grec «musticos», qui veut dire «étude des mystères». Ainsi donc, un mystique est un homme ou une femme qui s’intéresse aux mystères de l’existence et qui cherche, non seulement à mieux se connaître lui-même, mais également à comprendre le sens profond de l’existence. Tel était le cas d’Édith Piaf, ce qui explique pourquoi elle devint Rosicrucienne.
C’est en 1955 qu’Édith Piaf s’est affiliée à l’Ordre de la Rose-Croix, qu’elle connut par le biais de Danielle Bonel, sa fidèle secrétaire, et de Marc son mari, musicien d’Édith. Tous deux en faisaient déjà partie et pensèrent que le moment était venu de lui en parler. Elle en demeura membre jusqu’à sa mort, en 1963. Durant ces huit années, elle étudia consciencieusement l’enseignement rosicrucien, qui à l’époque comme maintenant se présentait sous forme de fascicules que l’on reçoit chez soi au rythme de quatre par mois. Sur les douze degrés que compte cet enseignement, elle eut le temps d’en étudier sept, ce qui fut plus que suffisant pour l’ouvrir à une autre approche de l’existence. D’une manière subtile, elle passa progressivement de la religiosité à la spiritualité, c’est-à-dire de la croyance à la connaissance. Très sincèrement, et malgré sa déchéance physique due à une vie éprouvante et excessive dans certains aspects, je pense que les personnes qui l’ont côtoyée durant ces années ont pu percevoir cette transformation intérieure.
Voyons brièvement quelques notions rosicruciennes auxquelles elle adhéra et qui changèrent sa manière de voir les choses. Avant son affiliation à l’A.M.O.R.C., et en raison de sa formation catholique, elle avait tendance à considérer Dieu comme un Être anthropomorphique qui décide du destin des hommes, y compris de leurs épreuves et du moment de leur mort. C’est ce qui explique pourquoi elle disait L’aimer autant que Le craindre. Par ailleurs, elle croyait au paradis et à l’enfer, et se souciait de savoir, non seulement ce qu’il adviendrait de son âme après la mort, mais également si elle reverrait les êtres chers qu’elle avait aimés. Ses études rosicruciennes lui apprirent trois principes fondamentaux : 1) Dieu s’apparente à une Conscience-Énergie qui s’exprime dans l’univers, dans la nature et dans l’homme lui-même au moyen de lois impersonnelles. 2) Le destin de tout être humain est conditionné par la manière dont il applique son libre arbitre et par le karma qui en résulte. 3) Chacun de nous vit sur terre pour évoluer vers l’état de Sagesse, l’état de Rose-Croix, ce qui implique de se réincarner autant de fois que nécessaire.
On rapporte qu’Édith Piaf confessa à Ginou Richer, l’une de ses amies : « Dans une autre vie, j’ai dû faire beaucoup de choses bien pour que Dieu m’ait envoyée avec cette voix ». En d’autres termes, elle attribuait cette voix extraordinaire à son bon karma. Des esprits chagrins pourraient ajouter : « Mais qu’a-t-elle fait aussi pour avoir une vie aussi éprouvée et éprouvante ? ». À cela, je répondrai que l’on n’a pas nécessairement les épreuves que l’on mérite, mais celles que l’on est capable de surmonter et de transformer en expériences utiles à notre évolution spirituelle. Édith le savait et fit le choix de mener une vie, certes difficile, mais combien riche et intense sur le plan mystique. Ceci est tellement vrai qu’elle le clama haut et fort dans une chanson testamentaire qui en dit long sur sa force intérieure et son sens des responsabilités : « Non, rien de rien ; non je ne regrette rien ». Elle savait également que le hasard n’existe pas. Pour reprendre la définition donnée par Albert Einstein, « il est le sentier que Dieu emprunte lorsqu’Il veut rester anonyme ».
Parallèlement à ce qu’elle apprit dans l’A.M.O.R.C., et comme le précise Frédéric Brun dans le texte qu’il lui a consacré, Édith Piaf avait à cœur de parfaire sa culture en général et d’étendre ses connaissances en philosophie. Parlant d’elle, le compositeur Philippe Gérard déclara un jour : « Nous avions de longues conversations très sérieuses. Elle me parlait de ses lectures. Ce qui m’a étonné, c’est qu’elle lisait Platon. Elle s’intéressait beaucoup à la philosophie et à certaines théories mystiques. On discutait de sujets comme l’immortalité de l’âme. » Quant à Hugues Vassal, il nous confie dans son dernier livre : « Alors que j’étais entré dans le cercle de ses intimes, elle se “toqua” de théologie et de philosophie, nous faisant partager un enthousiasme aussi surprenant qu’impromptu pour Teilhard de Chardin. » Assurément, et non sans un brin d’humour, je dirai que la Môme Piaf n’avait pas une cervelle d’oiseau… Outre l’intelligence du cœur que tous ceux qui l’ont connue lui reconnaissaient, elle était beaucoup plus cultivée qu’on ne le pense. Mais sur ce point, elle faisait preuve d’une réelle modestie.
À propos d’intelligence du cœur, vous savez que l’amour était au cœur de la vie d’Édith Piaf et qu’il fut le thème central de la plupart de ses chansons, parmi lesquelles son célèbre « Hymne à l’amour », l’une des rares chansons qu’elle composa elle-même. Mais ce serait une erreur de penser qu’elle réduisait l’amour à celui que ressentent deux êtres l’un pour l’autre, à l’instar des amours qu’elle vécut avec tant de passion tout au long de sa vie. Elle aimait aimer en général, et c’est cet amour de l’amour qui conditionna toute son existence, que ce soit à l’égard des hommes qui l’ont aimée, de son public qui le lui rendait bien, et de ses frères humains en général. Il faut noter qu’elle attribuait à Dieu Lui-même cette inclination à aimer, ce qui lui fit dire : « Je crois en Dieu et en l’amour, parce que j’aime Dieu et que c’est Dieu qui me permet d’aimer. »
Comme vous le savez certainement, Édith Piaf faisait tout avec passion. Lorsqu’elle devint Rosicrucienne, son enthousiasme fut tel qu’elle en fit part à la plupart de ses proches, dont certains la suivirent dans cette voie. En revanche, elle ne fit jamais état de son appartenance à l’A.M.O.R.C. aux journalistes ni au public. Tout au plus, elle portait parfois une petite rose-croix autour du cou. Peut-être craignait-elle d’être incomprise ou mal jugée ? On peut le comprendre, car les préjugés ont toujours été nombreux à l’encontre des mouvements dits « ésotériques », d’autant qu’ils sont souvent assimilés à tort à des sociétés secrètes. Cela étant, rappelons que depuis son apparition au XVIIe siècle, la Fraternité rosicrucienne a compté des personnalités aussi remarquables que Paracelse, Francis Bacon, Baruch Spinoza, Isaac Newton, Benjamin Franklin, mais également des artistes comme Claude Debussy, Éric Satie, Yves Klein et bien d’autres. Quant à Gilbert Bécaud, n’a-t-il pas chanté « L’important, c’est la rose, crois-moi ? » À ce propos, permettez-moi de préciser que la croix symbolise le corps de l’être humain, et la rose son âme en voie d’évolution.
De nos jours encore, l’Ordre de la Rose-Croix compte parmi ses membres des scientifiques, des penseurs et des artistes de renom, mais leur affiliation étant confidentielle, il leur appartient d’en faire état ou non. Cela étant, la majorité des Rosicruciens sont des personnes plus “ordinaires”, à défaut d’un meilleur qualificatif. D’une manière générale, l’A.M.O.R.C. est ouvert depuis toujours aux hommes et aux femmes, sans distinction de race, de nationalité, de religion, d’opinions politiques, de rang social ou de tout autre élément apparemment distinctif. En cela, il constitue une Fraternité internationale et cosmopolite. Cet aspect fut pour beaucoup dans le choix d’Édith à devenir Rosicrucienne, car si elle était profondément spiritualiste, elle était aussi très humaniste. Pour elle, et à juste titre, l’humanité ne formait qu’une seule et même famille d’âmes. Avant l’heure, elle était une citoyenne du monde.
Il m’est arrivé à plusieurs reprises de voir Édith Piaf en rêve, et chaque fois elle était rayonnante et heureuse. Je suis convaincu que le fait d’avoir été Rosicrucienne a été déterminant pour elle et l’a beaucoup aidée dans les moments difficiles. Elle s’éteignit le 10 octobre 1963, dans les bras de Danièle Bonnel et en priant le Dieu de son cœur, comme on le dit chez les Rosicruciens. Elle n’avait que 47 ans. Venant d’apprendre sa mort, son ami Jean Cocteau, avec lequel elle entretenait une correspondance régulière, confia à ses proches : « C’est ma dernière journée sur cette Terre. Je n’ai jamais connu d’être moins économe de son âme. Elle ne la dépensait pas, elle en jetait l’or par les fenêtres. » Ayant dit ces paroles, il s’éteignit à son tour, peut-être pour accompagner Édith sur le chemin qui mène à l’au-delà. Jugeant sa vie trop tumultueuse, l’Église catholique refusa qu’elle bénéficie d’une cérémonie religieuse. Mais ses frères et sœurs de la Rose-Croix étaient là, et lui apportèrent tout leur soutien fraternel et spirituel…
D’après la Tradition rosicrucienne, il s’écoule environ 144 ans entre deux vies successives. Cela suppose qu’Édith se trouve encore dans ce que l’on appelle communément «l’au-delà». En termes rosicruciens, nous dirons qu’elle vit en tant qu’âme dans le cosmique, au diapason du plan de conscience qu’elle a atteint à l’issue de son incarnation. Elle n’est pas seule sur ce plan ; d’autres âmes, parmi lesquelles celles d’êtres chers qu’elle a aimés et qui l’ont aimée ici-bas, y résident également et partagent sa présence. Lorsque le moment sera venu, elle se réincarnera et commencera une nouvelle vie, faite d’autres rencontres, d’autres expériences, d’autres réalisations, d’autres prises de conscience, toutes contribuant à parfaire son évolution spirituelle. Peut-être se destinera-t-elle encore à une carrière d’artiste, bénéficiant en cela de tout ce qu’elle aura déjà acquis dans ce domaine ?
Le Grand Maître invite alors l’assistance à vivre une expérience mystique
en relation avec Édith Piaf
Mesdames et Messieurs, ainsi s’achève l’hommage que l’Ancien et Mystique Ordre de la Rose-Croix souhaitait rendre à Édith Piaf. Comme je l’ai déjà dit, elle ne fut pas parfaite et ne fera jamais partie des personnalités connues pour avoir marqué l’histoire par leur sagesse. Cela étant, elle reste l’une des chanteuses les plus connues dans le monde. Et plutôt que de la juger à travers ses défauts et ses faiblesses, comme on a malheureusement tendance à le faire, chacun devrait s’arrêter sur les qualités qu’elle a manifestées et les efforts qu’elle a déployés pour se parfaire, fidèle en cela à l’idéal Rose-Croix. Entre autres, elle a été courageuse, consciencieuse, généreuse, compatissante, sans oublier le perfectionnisme et l’inspiration dont elle fit preuve en tant qu’artiste. Il est possible sinon probable qu’elle retrouve le sentier rosicrucien dans sa prochaine vie et poursuive ainsi le cheminement mystique qu’elle avait commencé. Si tel est son souhait, il ne fait pour moi aucun doute que les portails de l’Ordre lui seront à nouveau ouverts. Et qui sait, peut-être ferons-nous partie de ceux et de celles qui la côtoieront, sans même savoir qui elle fut ?
Pour clore, permettez-moi de vous adresser mes pensées les plus fraternelles et, comme on le dit entre Rosicruciens, mes meilleurs vœux de Paix Profonde.
![Hugues Vassal et Caroline Forestier lors de la journée Hommage à Edith Piaf organisée par l'Ordre de la Rose-Croix le 20 avril 2013 à Paris]()
Une vue sur l’assistance
![Hugues Vassal et Serge Toussaint lors de la journée Hommage à Edith Piaf organisée par l'Ordre de la Rose-Croix le 20 avril 2013 à Paris]()
Hugues Vassal et Serge Toussaint
![Hugues Vassal et Caroline Forestier - Hommage à Édith Piaf]()
Hugues Vassal et Caroline Forestier
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