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Channel: Evénements – Blog Rose-Croix, de Serge Toussaint
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Conférence « Les mystères de la mort et de la réincarnation », à Rouen, le 22 septembre 2018


« Points de repère / A la croisée des spiritualités »

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Invité à l’émission « Points de repère / A la croisée des spiritualités », Serge Toussaint s’est entretenu avec Pierre-Paul Delvaux sur l’histoire, l’enseignement et la philosophie de l’Ordre de la Rose-Croix, et d’une manière générale sur la spiritualité rosicrucienne.

Colloque Université Rose-Croix Internationale du 10 novembre 2018

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Le 10 novembre 2018 s’est tenu à Paris un Colloque organisé par l’Université Rose-Croix Internationale. Présidé par Serge Toussaint, il avait pour thème : « Les clés du développement spirituel ».

Intervenants lors de ce Colloque :

• Philippe Batut, Médecin, Conférencier de la section Médecine de l’Université Rose-Croix Internationale

• Brahim Ben Sassi, Médecin, Responsable de la section Médecine de l’Université Rose-Croix Internationale

• Jacques Gélinas, Psychologue au Québec, Responsable de la section Psychologie de l’Université Rose-Croix Internationale

• Serge Toussaint, Grand Maître de l’Ancien et Mystique Ordre de la Rose-Croix

Appel à la décroissance

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Le 21 novembre 2018 – Année R+C 3371

Par Serge Toussaint, Grand Maître de l’A.M.O.R.C.

Depuis quelques années, des voix s’élèvent pour en appeler à la « décroissance ». Le plus souvent, cet appel provient de philosophes, de sociologues, d’anthropologues et d’écologistes ayant en commun de s’inquiéter pour la planète et la vie de ses habitants à moyen, voire à court terme. Infiniment plus rares sont les financiers, les économistes et les politiciens qui s’en font l’écho ; pour la grande majorité d’entre eux, l’idée même de décroissance est une ineptie qui va à l’encontre de l’intérêt général. En sont-ils vraiment convaincus, ou feignent-ils de l’être pour des raisons n’ayant en réalité rien d’humaniste ? Eux seuls le savent, si ce n’est en leur âme, du moins en leur conscience.

Des études impartiales ont montré que si les pays développés persistent dans le modèle économique actuel, et si ceux qui sont en voie de développement s’y conforment, notre planète n’y résistera pas et deviendra invivable avant la fin de ce XXIe siècle. Comme vous le savez certainement, il a été établi que durant l’année 2018, l’humanité a consommé en huit mois l’ensemble des ressources que la Terre peut produire en un an pour permettre à ses habitants de s’alimenter, de se loger, de se vêtir, de se déplacer, etc. Dans le même ordre d’idée, on estime qu’il faudrait aujourd’hui l’équivalent de 1,7 Terre pour subvenir à leurs exigences. Ce sont bien sûr les pays les plus développés qui portent la plus grande part de responsabilité de cette situation. Malheureusement, ce sont aussi les plus obnubilés par la notion de « croissance », au point que leurs gouvernements en ont quasiment fait un dogme.

Puisque je viens d’évoquer les ressources de notre planète, comment ne pas s’inquiéter du problème que pose la surpopulation ? Nous sommes actuellement 7,5 milliards d’habitants sur la Terre, et on évalue à 8,5 milliards sa population en 2030. Or, elle peine déjà à répondre aux besoins vitaux des populations, en particulier pour la nourriture et l’accès à l’eau potable. La situation ne peut donc qu’empirer, notamment si nous poursuivons notre course à la consommation. Vous noterez également que la plupart des pays pauvres sont surpeuplés, ce qui ne fait qu’accroître la paupérisation de leurs habitants. Hélas, rien de vraiment sérieux n’est fait sur un plan international pour remédier à la situation, de sorte que nous laissons croître de façon exponentielle le nombre d’êtres humains condamnés à être malheureux. Il devient donc urgent, y compris sur le plan de la population mondiale, de stabiliser, voire de décroître, ce qui suppose la mise en place de programmes de sensibilisation, d’information et d’éducation.

Pourquoi la « croissance » est-elle un dogme dans les pays développés ? Parce que la plupart des politiciens et des économistes qui les conseillent sont convaincus que le bien-être des citoyens est fondé sur une bonne économie, et qu’une bonne économie est fondée sur la consommation. En vertu de ce principe, on fait en sorte que la population consomme toujours plus, de manière à accroître la production, ou, ce qui revient au même, on accroît la production tout en faisant en sorte que la population consomme davantage. Rien n’est négligé dans ce but : crédits attractifs, promotions en tous genres, publicités quasi mensongères… Ce faisant, on conditionne les gens à rechercher le bonheur dans l’avoir et, pour nombre d’entre eux, à s’endetter au-delà du raisonnable. Par ailleurs, on en fait des consommateurs perpétuellement insatisfaits, car il n’y a pas de limite au désir de posséder.

Le système économique actuel me semble aberrant pour au moins deux raisons : en premier lieu, les personnes qui ont les moyens de consommer ne peuvent le faire au-delà de certaines limites (elles ne vont pas manger dix fois par jour, porter sur elles cinq couches de vêtements, acheter trois machines à laver, etc.). Quant à celles qui n’en ont pas les moyens, elles participent peu à l’économie, mais en subissent les effets les plus pervers. En second lieu, inciter à la consommation comme on le fait actuellement privilégie, non seulement l’avoir au détriment de l’être, mais également le quantitatif au détriment du qualitatif. Par extension, cela contribue à rendre les gens de plus en plus matérialistes, enclins à se procurer toujours plus de biens matériels et à satisfaire des désirs et des besoins de plus en plus artificiels. C’est ce qui a lieu de nos jours dans les pays développés, tant le consumérisme est devenu culturel.

En caricaturant quelque peu, nous pouvons dire que dans la plupart des pays, développés comme en voie de développement, les consommateurs se divisent en deux grandes catégories : ceux qui ont les moyens de consommer et ceux qui ne les ont pas. Plutôt que d’inciter les premiers à consommer toujours plus et à faire de l’avoir l’idéal de leur vie, on devrait leur apprendre à consommer raisonnablement et à donner dans ce domaine l’exemple de la modération. Cela suppose dans leur cas d’opter pour une décroissance de leur consommation. En ce qui concerne les seconds, il faudrait naturellement faire en sorte qu’ils puissent se procurer ce qui leur est nécessaire pour vivre confortablement sur le plan matériel, sans tomber dans le consumérisme. C’est là, me semble-t-il, le véritable enjeu de l’économie.

Je pense également que l’on devrait revoir totalement le concept de production. De nos jours, on produit pour produire, afin de maintenir les emplois. Dans de nombreux domaines, il y a même surproduction, en ce sens que l’on sait parfaitement que tous les articles fabriqués, pour beaucoup à la chaîne et au moyen de robots de plus en plus sophistiqués, ne seront jamais achetés et constituent des stocks qui ne cessent de croître dans des proportions déraisonnables. C’est le cas, par exemple, dans l’électroménager, l’ameublement, l’habillement, etc., sans parler de l’alimentation, où l’on s’autorise un gaspillage véritablement indécent (chaque année, des millions de tonnes de viande périmée sont incinérées), alors que tant de personnes ne mangent pas à leur faim. Que dire aussi des millions d’animaux ainsi sacrifiés inutilement ?

De mon point de vue, il devient urgent de moins produire, mais de produire mieux, c’est-à-dire de (re)mettre l’homme au centre de la production et de faire en sorte que celle-ci respecte, non seulement la personne humaine, mais également l’environnement.  Cela  suppose de mettre fin au machinisme excessif qui sévit dans les pays développés et qui s’instaure dans les pays en voie de développement. Il me semble évident également que le fait de “démachiniser” la production et de la réhumaniser entraînerait la création de nombreux emplois dans les secteurs qui existent actuellement, sans parler de ceux qui pourraient être créés en relation avec l’écologie. Là aussi, cela implique de freiner la robotisation de la société, car la technologie devrait avoir pour vocation d’aider l’homme dans les tâches les plus pénibles, mais pas de le remplacer systématiquement.

Un autre point lié à la consommation me semble important : un dicton populaire énonce qu’« il faut vivre selon ses moyens », ce qui sous-entend de ne pas s’endetter au-delà de ce que l’on est capable d’assumer financièrement. Or, combien de personnes s’achètent  des produits, des objets et des bijoux de luxe, des équipements et des vêtements de marque, des voitures hyperpuissantes et suréquipées, alors qu’elles n’en ont pas les moyens ? Ceci est d’autant plus regrettable que de telles acquisitions ne sont en aucun cas indispensables pour être heureux. Cela étant, je pense également qu’il faut vivre selon ses besoins réels, en ce sens que même si on en a les moyens, il n’est pas nécessaire d’opter pour une grande voiture si on n’en a pas vraiment l’utilité, de faire construire une maison de vingt pièces si on sait que l’on ne sera que deux ou trois à l’habiter, de commander un yacht de soixante mètres pour une ou deux sorties en mer par an, etc. Certes, chacun est libre, et l’industrie du luxe, de l’automobile, du bâtiment, etc., sont des vecteurs d’emplois, mais cela justifie-t-il la surenchère de production et de consommation ?

Comment expliquer que nombre d’individus, qu’ils en aient ou non les moyens, aient une propension à posséder “à tout prix” ? D’une manière générale, c’est parce qu’ils se laissent dominer par leur ego, lequel les incite à attirer l’attention à travers le paraître. Tant qu’ils cèdent à cette tendance, pour ne pas dire à cette tentation, ils pensent que le fait de posséder des biens matériels conséquents et d’exhiber un “train de vie” plus que confortable, voire luxueux, leur vaut le respect et l’admiration d’autrui. Ils se trompent, car les autres les voient tels qu’ils sont, au-delà même des apparences. En fait, ils suscitent plutôt l’envie, la jalousie et la suspicion. J’ajouterai une évidence : avoir beaucoup d’argent et vivre dans le luxe n’est en aucun cas un gage de bien-être et de bonheur ; ce qui l’est, c’est la richesse intérieure, c’est-à-dire l’aptitude à vivre en harmonie avec soi-même, les autres et la nature.

En dernière analyse, il y a deux bonnes raisons d’opter pour la décroissance : en premier lieu, il en va de la vie sur notre planète et, par conséquent, de la survie de l’humanité. Ce n’est pas là une prédiction de mauvaise augure ni une prophétie apocalyptique ; c’est une certitude confirmée par la communauté scientifique internationale. En second lieu, les faits prouvent que la croissance, en tant que vecteur du consumérisme, exacerbe ce qu’il y a de moins noble dans la nature humaine, notamment le désir de posséder au détriment des autres, de les dominer, de les exploiter, de s’approprier leurs biens, de les exclure… En termes rosicruciens, cela les éloigne de leur âme et des vertus qui lui sont propres, telles que la bienveillance, la générosité, l’altruisme, l’empathie, la compassion… En cela, j’irai jusqu’à dire que dans les pays développés, il devient urgent de décroître sur le plan matériel pour mieux croître sur le plan spirituel.

Assurément, l’humanité est à la croisée des chemins. Les pays développés doivent rompre avec ce dogme qu’est la « croissance » et cette approche consumériste de l’économie, et les pays en voie de développement doivent avoir la sagesse de ne plus (pas) se sentir obligés de suivre ce “modèle” économique. Pour reprendre les termes de Pierre Rabhi, il est grand temps de cultiver la « sobriété heureuse ». Cela nécessite un changement radical dans les comportements individuels et collectifs, mais il n’y a pas d’alternative si nous voulons sauver notre planète et faire en sorte que les générations futures n’aient pas à souffrir de notre inconséquence. La question que chacun doit se poser est celle-ci : quel monde souhaitons-nous léguer aux enfants d’aujourd’hui et de demain ? Comme l’a déclaré à juste titre Nicolas Vanier : « Ne rien faire pour remédier à la situation s’apparente à un crime contre l’humanité. »

Si vous partagez les idées exprimées dans cette lettre ouverte, je vous invite à la faire connaître et à souscrire à l’engagement qui suit. Il vous suffit pour cela d’inscrire vos nom et prénom sur ce blog, dans la rubrique concernée, ainsi que la ville ou le pays où vous résidez. Quoi qu’il en soit, je vous souhaite d’être aussi heureux que possible, dans le respect des autres et de notre planète.

Fraternellement.

Lire l’original de ce texte en Pdf

 

ENGAGEMENT INDIVIDUEL

« Face à ma conscience, je m’engage à faire mon possible pour consommer raisonnablement et ne pas être un agent du consumérisme ambiant. Je me promets également d’être attentif à l’impact que mes choix de vie ont sur les autres et sur l’environnement. »

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Liste des inscrits :

Toussaint Serge, Le Neubourg, France
Bauer Colette, Montigny-les-Metz, France
Meledje Rohel E. Esther, Argenteuil, France
Delabrière Dominique, Landepéreuse, France
Lorenzon Gérard, Toulouse, France
Drapeau Pierre Richelieu, Québec, Canada
Blanche Julia, Bordeaux, France
Lou Marie, Clermont-Ferrand, France
Godin Sylvie, Le Neubourg, France
Binette Alain, La chute, Québec
Gifunya Patrice, Bujumbura, Burundi
Riant Jean Guy, Le Neubourg, France
Kritzler Anne-Marie, Stuttgart, Allemagne
Leger Bruno, Villez sur le Neubourg, France
Müller Lorelei, Le Neubourg, France
Knobel Eric, Lembach, France
Rapon Jules, Toulouse, France
Deschamp Philippe, Sainte Colombe la Commanderie, France
Deschamp Marie-Christine, Sainte Colombe la Commanderie, France
Toussaint André et Christiane,  Normandie, France
Ayçaguer Jean Claude, St Palais, France
Peubey, Marion-Lamita, France
Gibrat Lionel, Saint-Céré, France
Husseini Youssef, Dakar, Sénégal
Sonntag Jean-Pierre, Lingolsheim, France
Fernandez Laurent
Delpirou Claude, Montfermeil, France
Youkou Antoine, Paris, France
Sanquin Marie Christine, Quittebeuf, France
Morin Pénélope, Bruxelles, Belgique
Loubaki Aubin Aurélien, Abidjan, Côte d’Ivoire
Huvé Jean Louis, les Avirons, la Réunion
Vergereau Marie-Hélène, Montpellier, France
Moisan Marjolaine, Lévis, Québec
Barbosa De Lima, Dominique, Lyon, France
G.Gagnon, rimouski, Québec
Charlet Henri-Noël, Lomme, France
Cabrera Sylvie, Vulaines sur seine, France
Namotte Valérie, Hastiere, Belgique
Béguin Guillaume, Chaville, France
Batut Catherine, Toulouse, France
Atta Yao Kra Stanislas, Abidjan, Côte d’Ivoire
Balep Joseph, Châlons en Champagne, France
Luffroy Gilles, St Pal de chalençon, France
Antoir Joseph, Saint Joseph, France
Müller-Garayt Francine, Staffelfelden, France
Carrier Nza, St Paul, Île de le Réunion
Bacher Yves, Laval, Canada
Ladune Sandrine, Laigneville, France
Amadou ousmane, Niamey, Niger
Vaché, Nadia, Biot, France
Cellier Jacques, Saint-Laurent du Var, France
Jean Marc et Martine Bonlarron, Lalbenque, France
Prézeau Jeanne, Moulins, France
Barbey Isabelle, Le Neubourg, France
Sita Mana Less, Kinshasa, République Démocratique du Congo
Gilbert Paul, La Chomette, France
Bernex Sonia , St Martinlys Aude , France
Laetitia Grondin, Le Tampon
Guillot Patrick, Normandie, France
Savarin Philippe, Avignon, France
Martinon Jérôme, Bordeaux, France
Poux Jean-Francois, Sainte-Valiere, France
G. Gagnon, rimouski, Québec
Beaussart Alain, Montfermeil, France
Adamou Aminou, Tahoua, Niger
Croquet Sylvestre, La Réole, France
Ouédraogo Sayouba, Ouagadougou, Burkina Faso
Rivière Martine, Saint-Denis, La Réunion
Giafferi José, le Tremblay Omonville, France
Giafferi Isabelle, Le Tremblay-Omonville, France
Magrez Erwan, Arzal, France
Courtel Pascal, Vannes, France
Irami- Fortaleza, Brasil
Nollet Sylvaine, Ottignies, Belgique
Varsovie Marie-Anne, Martinique
Legrand Christian, Le Mans, France
Magnien Eric, Sainte Clotilde, France
Jacques Francisco, Jacksonville, Etats-Unis
Bélières Christian, Paris, France
Keme Didier, Abidjan, Cote d’ivoire
Lupfer Gilles, Nancy, France
Cersot Jean-Paul Pézenas, Hérault, France
Josselyne Chourry, Bordeaux, France
Piquard Claude, Langres, France
Degorgue, Fabrice, Laparade Lot et Garonne, France
Tagne Yakouba Calvin, Yaoundé, Cameroun
Sanon Amadou, Bobo Dioulasso, Burkina Faso
Epoksi Hondt , Alby huguet , Douala, Cameroun
Thouvenin Sylvie, Maury, France
Schippers Jean-Marie, Marchin, Belgique
Bonneau Odile, Moulins, France
Rodrigues Liliane, Arlebosc, France
Huvé Jean Louis, les Avirons, Réunion
Cazaud Béatrice, Nîmes, France
De Gaillande Bernard, Nouméa, Nlle Caledonie
Michaud Jacques Petite, Ile Réunion, France
Barbey, Denis, Bussigny, Suisse
Gilot Yvon, Champigny sur Marne, France
Sagesse, Mercédès, Gatineau, Canada
Miege Olga, Paris, France
Abline Pascal, Béziers, France
Colonna Thierry, Montrouge, France
Storai Emile, Talasani, France
Parinaud Patrick, la Seine sur mer, France
Van Melle Geneviève, Bruxelles, Belgique
Stefanidis Antonios, Athènes, Grèce
Bebom Abe Magloire Thierry, Yaoundé, Cameroun
Robert-Prince Mukobo, Lubumbashi, République Démocratique du Congo
Markstein Max, Mulhouse, France
Rudaux Anne-Marie
Muller Pierre, Schiltigheim, France
Sergio Garcia, La Celle Saint-Cloud, France
Maunier Marie-Line, Saint-Denis, Réunion, France
Crouzet Michel, Le Neubourg, France
Boutel Jocelyne, Le Neubourg, France
Stemmelin Marie-Thérèse, Bergholtz, France
Bourgin William, la londe les maures, France
Joseph Roseline, Rimouski
Rudaux Anne-Marie, Rocquencourt, France
Lartigue André, France
Santos Romain Wilfried, Abidjan, Cote d’Ivoire
Loison Mélanie, St Pierre, La Réunion
Damo Gilbert, Abidjan, Côte d’Ivoire
Brabant Laurent, Petite-ile, La Réunion
Lessinnes Véronique, Charleroi, Belgique
Ba Malick Abdoulaye, Dori, Burkina Faso
Techer Françoise, Sainte- Suzanne, Réunion
Briand Marielle, Sainte Clotilde, Reunion
Nativel Fabienne, Le Tampon, La Réunion
Gransart Christian, Saint Pol sur mer, France
Nicolas Juliette, Senlis, France
Van Outryven Patrick, Parisot, France
Koffi Christian Abel, Abidjan, Côte d’Ivoire
Binate Youssouf, Abidjan, Côte d’Ivoire
St-Amand Francine, Rimouski, Canada
Bouguen Béatrice, Bram, France
Lelievre Philippe, Azay le Rideau, France
Auger Patricia, Pressignac Vicq, France
Auger Jacques, Pressignac Vicq, France
Adou Habib, Abidjan , Côte d’Ivoire
Courtel Jean Claude, Fors, France
Tenret Marc, Froidchapelle, Belgique
Konan Yao Jean Claude, Abidjan, Côte d’Ivoire
Tanguy Jacques, Saline, France
Rodolphe Mpiana Numbi, Mbuji Mayi, Congo
Dubé Christian, Val-des-Monts, QC Canada
Talbot Gilles, Hearst, Canada
Sarrazin Philippe, Le Neubourg, France
Guay Lyne, Québec, Canada
Nlôme Ekongo EmmanuelL, Yaoundé, Cameroun
Devaux Sylvain, Lure, France
Bernard Edith, Le Neubourg, France
Jean Bernadette, Greenfield, Park Québec
Léger Elisabeth
Turbiez Martine, Sanlucar de barrameda, Espagña
Benezech Monique, Le Neubourg, France
Bagot Corinne, Mortagne au perche
Larre Christian, La Vallée, France
Collett Franziska, Autry-Issards, France
Boulanger Gérard, Soudorgues, France
Pierre Martine, Champsecret, France
Pierre Daniel, Champsecret, France
Dorval Marc, Saint-Denis, Ile de La Réunion
Vimard Stéphane, Cubjac, France
Mettelus Webens Newton, Port-au-Prince, Haïti
Vigneux Thomas, Sombreffe, Belgique
Zigashane Bitagirwa Salomon, Bukavu, République Démocratique du Congo
Kabre R. Fulgence Dieudonné, Ouagadougou, Burkina Faso
Roussel Michel, Ile Maurice
Demeusy Christian, Belfort, France
Surcin Hélène, Alençon, France
Adama Eldji Contana, Nouadhibout, Mauritanie
Boscher Michel, Vertou, France
Bahi Désiré, Abidjan, Côte d’ivoire
Walker Dominique, Baccarat, France
Parsy Chantal, Arbois, France
Le Bras, françoise, Paris 15è, France
Bulgari Alexis, Athènes, Grèce
Pierson Alain, Eloie, France
Riehling Robert, Metz, France
Buckle Jefrie, Paris, France
Andamaye Marie Annick, Saint dénis, la Réunion
Houdouin Dominique, Theix, France
Noel Golbassia Douran, Ndjamena, Tchad
Gossan Raï Esther, Abidjan, Côte d’Ivoire
Konan Yao désiré, Daloa, Cote D’Ivoire
Racine, Léandre, St-Jérôme Québec, Canada
Domin Marie-Agnès Toulouse France

 

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Lettre ouverte aux croyants

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Le 13 décembre 2014 – Année R+C 3367

Actualisée le 21 janvier 2019 – Année R+C 3371

«Respecte toutes les croyances religieuses ou
philosophiques, dès lors qu’elles ne portent pas
atteinte à la dignité humaine. Ne soutiens ni ne
cautionne le fanatisme ou l’intégrisme, sous
quelque forme que ce soit. Dans la manière de
vivre ta foi, prends garde toi-même à n’être ni
dogmatique, ni sectaire».

Code de vie rosicrucien

LETTRE OUVERTE AUX CROYANTS

de Serge Toussaint, Grand Maître de l’Ancien et Mystique Ordre de la Rose-Croix

À l’aube de ce XXIe siècle, environ 75 % des croyants suivent l’une des grandes religions en vigueur ou s’en réclament, à savoir le Judaïsme, le Christianisme, l’Islam, l’Hindouisme et le Bouddhisme, pour ne citer que les plus importantes. C’est la preuve qu’elles ont toujours leur utilité et qu’elles servent d’ancrage à des milliards de personnes sur tous les continents. Bien que je n’appartienne à aucune, je les respecte toutes dans ce qu’elles ont de meilleur à offrir à leurs fidèles pour vivre leur foi au quotidien. Cela étant, elles doivent plus que jamais cultiver la tolérance entre elles, afin d’être des vecteurs de rapprochement et même de fraternité entre les hommes. Cette «Lettre ouverte aux croyants» n’a pas d’autre but que d’en appeler à leurs fidèles, afin qu’ils se montrent tolérants les uns envers les autres et soient ainsi les ambassadeurs d’une religiosité ouverte et paisible.

D’après les scientifiques, les premiers hominidés sont apparus sur Terre il y a environ dix millions d’années. Durant des millénaires, toute leur énergie physique et mentale fut utilisée pour se maintenir en vie. Trouver leur nourriture, se protéger des prédateurs, construire des abris, se préserver des intempéries et autre activité vitale, fut très longtemps leur préoc- cupation et leur occupation essentielles. À cette époque lointaine, ils survivaient plus qu’ils ne vivaient. La découverte du feu, tel un don venu du ciel, révolutionna leur existence et leur apporta un bien-être qu’ils ne soupçonnaient pas. Elle leur permit, non seulement de s’éclairer, de se réchauffer et de faire cuire leur nourriture, mais également de prolonger leurs heures de veille. Dès lors, le regard perdu dans les flammes du foyer, ils commencèrent à réfléchir sur leur condition et, sans le savoir vraiment, posèrent au plus profond d’eux-mêmes les fondements du «connais-toi toi-même». 

Comme chacun sait, la première religion émergea durant la préhistoire et fut de type animiste. C’est ainsi que les hommes primitifs croyaient que toute chose et tout être étaient animés par un esprit qui leur était propre : la terre, l’eau, l’air, le feu, mais aussi chaque rocher, chaque arbre, chaque plante, chaque animal, etc. Par extension, ils en vinrent à penser qu’eux-mêmes avaient un esprit, pour ne pas dire une âme. Cette idée s’imposa d’autant plus aisément à eux qu’elle leur permit de comprendre pourquoi, lorsqu’ils rêvaient, ils se voyaient marcher, courir, manger, chasser, échanger avec leurs proches… Dans leur pensée, cela s’expliquait par le fait que leur esprit pouvait se libérer de leur corps la nuit et poursuivre ses activités comme bon lui semblait. À ce propos, rappelons que Jung fit un lien étroit entre les rêves et l’âme. Contrairement à Freud, dont il fut le disciple pendant plusieurs années avant de rompre avec lui en raison de désaccords profonds sur la psyché humaine, il eut une approche spiritualiste de la psychanalyse.

S’il est un fait que l’animisme peut être considéré comme la première religion de l’histoire, et donc la plus ancienne, il faut néanmoins préciser qu’il n’était pas structuré et ne comportait pas de rites établis. À cette époque, les hommes primitifs se limitaient à croire que la nature était animée par une multitude d’esprits, les uns plutôt bienveillants, les autres plutôt malveillants. Certes, ils essayaient de s’attirer les faveurs des premiers et de se protéger du courroux des seconds, mais les pratiques qu’ils utilisaient dans ce but tenaient davantage de la magie que de la religion. Dans cet ordre d’idée, ils portaient des colliers fabriqués avec les dents de tel ou tel animal tué à la chasse et pensaient ainsi bénéficier de sa force. En période de sécheresse, ils imitaient la pluie avec de l’eau puisée dans une rivière ou un lac, en espérant qu’elle finirait par tomber. Dans le premier cas, les anthropologues parlent de «magie par contact» ; dans le second, de «magie par similitude».

Les millénaires passèrent et l’animisme donna graduellement naissance à une autre forme de religion : le polythéisme. Dans une certaine mesure, son avènement marqua le passage de la préhistoire à l’histoire. Au regard de la Tradition, c’est en Égypte qu’il atteignit son expression la plus élevée, en ce sens qu’il fut à l’origine d’un panthéon très structuré et très hiérarchisé, constitué de divinités ayant chacune son rôle et ses attributs. Par la suite, ce panthéon inspira celui qui fut en vigueur durant des siècles en Grèce, avant d’être repris et adapté par la Rome antique. On attribuait aux divinités concernées le pouvoir de guérir, de protéger, d’inspirer, de rendre les récoltes abondantes, etc. Mais pour obtenir leurs faveurs, il fallait suivre les rites et les rituels préconisés par le clergé. Pendant des milliers d’années, ce sont donc les religions polythéistes qui permirent aux croyants de vivre leur foi et qui conditionnèrent la vie des peuples.

Alors que le polythéisme était en vigueur depuis des siècles en Égypte et dans d’autres pays, un pharaon hors du commun révolutionna le concept de religion : Amenhotep IV. Plus connu sous le nom d’Akhenaton, il régna vers 1350 avant l’ère chrétienne. Sans pour autant mettre fin aux rites et aux rituels mis en œuvre par le clergé pour vénérer les divinités du panthéon officiel, lequel accordait une primauté à Amon, il prôna l’idée que ces divinités n’étaient que des expressions diverses et variées d’un seul Dieu qu’il symbolisa par le Soleil et qu’il désigna sous le nom d’Aton. De nos jours encore, son célèbre «Hymne à Aton», connu des historiens et des égyptologues, est considéré comme l’un des plus beaux textes de son époque. Il fut également à l’origine d’une véritable révolution dans le domaine de l’art. Quoi qu’il en soit, pour la première fois dans l’histoire, le monothéisme se substitua au polythéisme, ce qui marqua une étape très importante dans l’histoire et dans l’évolution de la religiosité.

Avec le Judaïsme, dont Moïse posa les fondements durant l’exode qui mena le peuple hébreu d’Égypte en Israël, le monothéisme s’émancipa du polythéisme et prit la forme d’un monisme anthropomorphique personnifié par Yahvé, qui devint pour tous les Juifs le Dieu unique de référence. Au fil du temps, cette religion monothéiste se structura, se dota d’une liturgie très élaborée et s’enrichit d’une littérature abondante, notamment à travers ses nombreuses exégèses. Plus de trois mille ans après que le Prophète ait reçu les Tables de la Loi sur le mont Sinaï, le Judaïsme, tous courants confondus, reste une religion majeure. On évalue à environ 14 millions le nombre d’hommes et de femmes qui la suivent à travers le monde, dont environ 5 millions en Israël, terre qui l’a vu naître. Ce chiffre peut sembler minime par rapport au nombre de Chrétiens, Musulmans et même Bouddhistes, mais le Judaïsme, de par ses origines, son histoire, sa tradition et son fonctionnement, ne se prête guère au prosélytisme.

Il y a un peu plus de deux mille ans, alors qu’Israël était sous l’emprise de Rome et que les Juifs ne se sentaient pas vraiment libres de suivre leur religion, naquit celui que les Chrétiens élevèrent au rang de «fils de Dieu». Connu sous le nom de Jésus durant son enfance et son adolescence, il fut crucifié par les Romains à l’âge de 33 ans (et en aucun cas par les Juifs comme certains le prétendent), sous prétexte qu’il troublait l’ordre établi. D’après la tradition chrétienne, il ressuscita trois jours après sa crucifixion, après avoir rédempté le monde tandis qu’il souffrait sur la croix. Ce double miracle constitue encore aujourd’hui le fondement de la foi que les Chrétiens placent en lui et dans son enseignement (environ 2,4 milliards dans le monde). Comme c’est le cas du Judaïsme, le Christianisme s’est doté d’une doctrine très structurée et d’une liturgie très vaste, et a donné naissance à une littérature à ce point abondante qu’il est impossible d’en évaluer l’ampleur.

L’Islam, troisième «religion du livre» avec le Judaïsme et le Christianisme, se rattache à la vie et à l’œuvre de Mahomet, qui naquit en 571 à Mekka (La Mecque). La tradition islamique lui attribue le Coran, qu’il aurait écrit, tantôt sous la dictée de Dieu Lui-même, tantôt sous celle de l’ange Gabriel. De nos jours, c’est ce Livre qui guide la foi des Musulmans. Indépendamment de la religion à laquelle il donna naissance, les historiens s’accordent à dire qu’il pacifia l’Arabie et l’unifia à une époque où elle se déchirait dans des guerres intestines particulièrement violentes. Elle était alors sous l’emprise de croyances polythéistes. À l’instar de Moïse, Mahomet fut donc à la fois un guide spirituel et le chef d’une nation en voie d’unification. Toujours est-il que l’Islam est l’une des religions les plus suivies de nos jours (environ 1,8 milliard de fidèles à travers le monde), avec une doctrine, une liturgie et une littérature qui, elles aussi, ont traversé les siècles.

Ces considérations générales m’ont semblé nécessaires avant d’en venir à un point qui me paraît très important : le Judaïsme, le Christianisme et l’Islam ne sont pas des religions aussi distinctes et cloisonnées qu’on pourrait le penser a priori. En effet, sur le plan historique, le Christianisme est en quelque sorte le prolongement du Judaïsme et plonge ses racines en lui. C’est ce qui fit dire à Jésus : «Je ne suis pas venu abolir la loi des prophètes, mais l’accomplir». Il me semble d’ailleurs impossible de comprendre le Nouveau Testament sans connaître l’Ancien Testament, ce qui justifie qu’ils soient souvent réunis dans un seul et même livre : la Bible. Il faut rappeler également que selon certains textes, Mahomet se familiarisa avec le Judaïsme et le Christianisme avant de poser les bases de l’Islam. Par ailleurs, il éprouvait un profond respect pour Moïse et Jésus, tous deux cités comme prophètes dans le Coran. Si tous les Juifs, Chrétiens et Musulmans avaient pleinement conscience de cela, vous conviendrez certainement qu’il y aurait infiniment moins de dissensions entre eux.

Quant au Bouddhisme, que certains considèrent davantage comme une philosophie que comme une religion, il prend sa source dans l’Hindouisme, non sans avoir subi maintes modifications et adaptations au cours des siècles. On trouve d’ailleurs des doctrines communes à ces deux religions : karma, samsara, nirvana… Et d’après certaines thèses, le panthéon hin- douiste aurait été lui-même inspiré par le polythéisme égyptien, avec un symbolisme quelque peu différent. C’est ainsi que la trinité Brahma, Vishnou et Shiva serait une transposition de la trinité Osiris, Isis et Horus. Notons également que cette idée de trinité se retrouve actuellement dans certaines religions monothéistes, notamment dans le Christianisme, où il est fait état de Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit. Dans le même ordre d’idée, la plupart d’entre elles ont une approche ternaire de l’être humain : esprit, âme et corps.

Naturellement, il existe d’autres religions que le Judaïsme, le Christianisme, l’Islam, l’Hindouisme et le Bouddhisme, mais la plupart en dérivent directement ou indirectement. En fait, toutes ont emprunté une partie de leur enseignement aux unes et aux autres et se sont influencées mutuellement, de sorte que l’on ne devrait jamaisles opposer. Malheureusement, nous savons tous que nombre d’entre elles se sont combattues au cours de l’histoire et le font encore de nos jours. Pourquoi ? Parce que certains de leurs dirigeants et de leurs fidèles se comportent comme si la religion qu’ils suivent détenait le monopole de la foi et de la vérité. Ce faisant, ils font preuve d’intolérance à l’égard des croyances et des pratiques auxquelles adhèrent les fidèles des autres religions. Dans les cas extrêmes, ils font preuve d’intégrisme et de fanatisme, au point de se battre contre ceux qu’ils considèrent comme des païens ou des infidèles, voire même de les combattre et de les tuer. Régulièrement, l’actualité est défrayée par des conflits plus ou moins graves entre Juifs et Chrétiens, Chrétiens et Musulmans, Musulmans et Bouddhistes…, en Orient comme en Occident.

Les remarques précédentes ne constituent en aucun cas une mise en cause ou une critique des religions. L’A.M.O.R.C. compte d’ailleurs parmi ses membres des Juifs, des Chrétiens, des Musulmans, des Bouddhistes, des Hindouistes, etc., sans que cela pose le moindre problème. En outre, si la plupart, comme moi-même, n’appartiennent à aucune religion, nombre d’entre eux s’intéressent à leur fondement ésotérique : la Kabbale pour le Judaïsme, le Gnosticisme pour le Christianisme, le Soufisme pour l’Islam, etc. Comme le savent les historiens des religions, celles-ci intègrent généralement deux aspects : le premier concerne les croyances qu’elles destinent au commun des fidèles à travers leurs pratiques “publiques” ; le second se rapporte aux connaissances mystiques qui se cachent derrière ces croyances. À titre d’exemple, Adam et Ève, dont il est fait mention dans la Bible et le Coran, offrent deux niveaux d’interprétation : sur le plan exotérique, ils désignent respectivement le premier homme et la première femme ayant vécu sur Terre et d’où serait issue toute l’humanité ; sur le plan ésotérique, Adam symbolise l’univers, et Ève l’âme (universelle) qui l’anime depuis les origines de la Création.

En tant que Rosicrucien, c’est la quête de connaissance et de sagesse qui suscite tout mon intérêt, mais je respecte les fidèles qui vivent leur foi à travers les croyances que véhiculent les religions qu’ils suivent. Ce que je condamne, et je ne suis évidemment pas le seul à le faire, c’est l’intolérance, l’intégrisme et le fanatisme religieux, d’autant que ce sont des comportements qui sont contraires au message de fond prôné par les religions et qui, par là même, les trahissent. Rappelons les paroles de Moïse : «Chacun de vous doit aimer son prochain comme lui-même» (Lévitique 19,18) ; de Jésus : «Aimez-vous les uns les autres» (Évangile selon saint Jean 13,34) ; de Bouddha : «Mettez-vous à la place des autres ; si vous y arrivez, vous ne serez plus capables de leur faire du mal» ; de Mahomet : «Nul d’entre vous n’est tout à fait croyant tant qu’il n’aime pas pour son prochain ce qu’il aime pour lui-même» (Hadith 6-7), auxquelles on pourrait ajouter de nombreux aphorismes, préceptes et commandements présents dans la littérature religieuse.

La question que l’on peut se poser est de savoir comment faire, lorsque l’on suit une religion, pour ne pas se laisser gagner par l’intolérance, l’intégrisme et le fanatisme, avec tout ce qui peut en résulter en termes d’oppositions, de conflits et même de guerres. En premier lieu, en partant du principe que celle à laquelle on appartient ne détient ni le monopole de la foi ni celui de la vérité ; en second lieu, en faisant preuve de tolérance et d’ouverture d’esprit à l’égard des autres religions, l’idéal en la matière étant de se familiariser avec leurs doctrines, leur liturgie et leur littérature ; en troisième lieu, en faisant la distinction entre ce qui est du ressort de la Religion en général et ce qui est du domaine de Dieu en particulier, quelle que soit la conception que l’on ait de Lui. Il faut être conscient également que la religion que l’on suit peut ne plus nous convenir à un moment donné de notre existence. Dès lors, on doit pouvoir la quitter sans pour autant la critiquer.

La nuance que je viens de faire entre Dieu et la Religion mérite peut-être d’être explicitée. Sans vouloir faire preuve d’intolérance ou d’étroitesse d’esprit, je pense qu’aucun Livre sacré n’a été dicté et encore moins écrit par Dieu Lui-même. Dans le cas contraire, cela ferait de Lui un Être anthropomorphique, ce qu’Il n’est pas. Que ce soient la Bible, le Coran, les Upanishads et autres Textes dits sacrés, tous sont l’œuvre d’êtres humains qui, aussi inspirés qu’ils aient pu être, étaient imparfaits et susceptibles de se tromper. C’est pourquoi il faut les lire avec un certain recul et ne pas les interpréter à la lettre. Par ailleurs, aucun responsable religieux, quel que soit son niveau dans la hiérarchie, ne sait, ni qui est Dieu, ni ce qu’Il pense, ni ce qu’Il veut. Prétendre le contraire est une imposture et relève de la manipulation mentale. Ceci s’applique également à tout guide spirituel (ou supposé tel) œuvrant en dehors des religions établies et avérées. Trop de crimes ont été commis au nom de Dieu et le sont encore, alors que, de toute évidence, Il n’en a jamais donné l’ordre ou l’instruction.

Quoi qu’on en dise, aucune religion n’est supérieure à une autre. Pour prendre une analogie, elles sont comme les rayons d’une seule et même roue. Toutes partent du même centre (la foi en Dieu) et aboutissent à la même circonférence (l’ensemble des croyants). Lorsque la roue de la vie tourne, on ne distingue plus vraiment les rayons, car rien, dans l’absolu, ne différencie un fidèle d’un autre. Ce sont avant tout des êtres humains, avec leurs joies et leurs peines, leurs espoirs et leurs regrets, leurs réussites et leurs échecs. En termes rosicruciens, ils ont en commun d’être des âmes vivantes. Autrement dit, ce sont des hommes et des femmes en voie d’évolution, incarnés en ce monde afin de s’éveiller à ce qu’il y a de meilleur en eux, pour ne pas dire à ce qu’il y a de plus divin, et le manifester à travers leurs jugements et leur comportement, au contact des autres. C’est précisément ce qu’ont enseigné les plus sages parmi ceux qui ont œuvré au développement des religions, tous credo confondus.

La plupart des religions du passé ont été fondées dans un contexte historique, géographique et sociologique particulier, souvent même pour un peuple, une nation ou une civilisation donnée. De siècle en siècle, elles se sont répandues dans des contrées de plus en plus éloignées de leur pays d’origine et, pour beaucoup, ont ainsi accru le nombre de leurs fidèles. De nos jours, sous l’effet de la mondialisation et du métissage des races, des ethnies et des cultures, elles sont partout présentes, de sorte que Juifs, Chrétiens, Musulmans, Hindouistes, Bouddhistes et autres se côtoient au quotidien. En ce qui me concerne, je pense que c’est là une très bonne chose, car ce côtoiement favorise le dialogue interreligieux et contribue à rendre les fidèles plus tolérants à l’égard des autres religions. Je suis convaincu également qu’il porte en lui les germes d’une Religion universelle à venir, laquelle intégrera ce que chacune des grandes religions actuelles contient de meilleur pour répondre à la foi de tous les croyants. Dès lors, ce ne sera plus Yahvé, Dieu le Père, Allah, Brahma ou Autre, qu’ils vénéreront, mais le Dieu de tous ceux et de toutes celles qui croient en Lui. On peut supposer en outre que ce sera là le prélude à l’émergence graduelle d’une spiritualité non religieuse.

Naturellement, on peut être croyant sans suivre une religion particulière. Certains font plutôt partie d’un mouvement philosophique tel que l’A.M.O.R.C. ; d’autres appartiennent à des groupes de type “new age” ; d’autres encore mènent seuls leur quête spirituelle à travers des livres, des conférences ou des séminaires. Il appartient à chacun de trouver sa voie, selon sa personnalité, son tempérament et son niveau de conscience. Mais quelle que soit cette voie, ce que j’ai dit précédemment à propos des religions reste valable, à savoir qu’il faut se garder de l’intolérance, du fanatisme et de l’intégrisme. Dans une certaine mesure, et comme je l’ai expliqué dans une «Lettre ouverte aux athées», il en est de même pour les non-croyants, dont certains ont tendance à se montrer sectaires. Certes, on est entièrement libre de ne croire ni en l’existence de Dieu ni en celle de l’âme, mais on ne doit pas mépriser pour autant les croyants et combattre la spiritualité, comme certains intégristes et fanatiques de l’athéisme le font, parfois sous couvert de laïcité. La liberté de non-croyance n’a de légitimité que si elle respecte la liberté de croyance, et inversement. L’une et l’autre doivent rimer avec tolérance.

Pour conclure, j’invite le croyant que vous êtes peut-être à imaginer ce que Moïse, Jésus, Bouddha et Mahomet, pour ne citer qu’eux, diraient s’ils revenaient pour tenir ensemble une conférence de presse retransmise dans le monde entier. De toute évidence, ils nous feraient part de leur profonde tristesse à la vue des dévoiements parfois extrêmes auxquels   les religions ont donné lieu, et exhorteraient tous les fidèles à faire triompher la fraternité, la paix et l’amour.

Dans l’espoir que tous les croyants en viennent un jour à faire preuve entre eux de tolérance et de respect, recevez mes meilleures pensées.

Sincèrement.

Serge Toussaint

Lettre ouverte aux croyants (PDF)

Pour un autre monde / Spiritualité – Humanisme – Écologie

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Pour un autre monde / Spiritualité – Humanisme – Écologie : édité par Trajectoire (235 pages)

Écrit dans un langage simple, ce livre est une compilation de points de vue portant sur plus de cent thèmes, les uns concernant des notions purement philosophiques et mystiques, les autres des sujets sociétaux. D’une manière générale, il s’adresse à celles et ceux qui aspirent à un autre monde, fondé sur une vision spiritualiste, humaniste et écologiste de la société. Par extension, il constitue une base de réflexion et de méditation pour quiconque s’interroge sur lui-même et sur le sens profond de l’existence.

Extrait :

AVANT-PROPOS

Contrairement à la Franc-maçonnerie, à laquelle il est parfois comparé, l’Ancien et Mystique Ordre de la Rose-Croix est peu connu du public. Quant à ceux qui en ont entendu parler, ils ont tendance à penser qu’il s’agit d’un mouvement ésotérique ancré dans le passé et quelque peu « déconnecté » du monde actuel. Certes, sur le plan historique, il remonte au début du XVIIe siècle, et même à l’Égypte antique sur le plan traditionnel. Mais depuis son apparition, il a toujours été en adéquation avec son époque. Mieux encore, il est admis par les historiens de l’ésotérisme que les Rose-Croix ont souvent été précurseurs.

Depuis 1909, début de son cycle actuel d’activité, l’AMORC s’inscrit dans cette lignée. Autrement dit, il ne se limite pas à transmettre l’enseignement dont il a hérité du passé et qu’il ne cesse d’enrichir, notamment au moyen des travaux effectués au sein de l’Université Rose-Croix Internationale. Régulièrement, il publie également des textes à caractère sociétal, tant sur son site internet (www.rose-croix.org) que dans des journaux et des revues de premier plan. À titre d’exemple, la « Déclaration rosicrucienne des devoirs de l’Homme » fut reproduite dans Le Monde en 2005.

Au cours des années passées, l’AMORC a publié d’autres textes sociétaux : une « contribution à la paix », un « plaidoyer pour une écologie spirituelle », une « charte des citoyens du monde »… qui ont été lus par des centaines de milliers de personnes à travers le monde. J’ai moi-même écrit plusieurs lettres ouvertes (aux parents, aux scientifiques, aux jeunes, aux athées, aux artistes, aux femmes, aux croyants…) et lancé plusieurs appels (à la non-violence, à la tolérance, à la décroissance…). Assurément, les rosicruciens se sentent concernés par la marche du monde et s’impliquent individuellement et collectivement pour le rendre meilleur.

Au XVIIe siècle, les Rose-Croix se firent connaître en publiant trois Manifestes, la Fama Fraternitatis en 1614, la Confessio Fraternitatis en 1615, et les Noces chymiques de Christian Rosenkreutz en 1616. Leur but, à travers ces Manifestes, fut d’interpeller leurs contemporains sur l’état (déjà) préoccupant de la société et d’en appeler à une Réforme universelle. Plus de quatre siècles après, l’AMORC a récidivé en publiant lui aussi trois Manifestes : la Positio Fraternitatis (2001), l’Appellatio Fraternitatis (2014), et les Nouvelles Noces chymiques de Christian Rosenkreutz (2016). L’objectif a été le même : attirer l’attention du public sur des sujets préoccupants pour l’avenir de l’humanité et mettre en lumière les menaces qui pèsent sur elle si elle persiste dans son manque de sagesse.

Il me semble utile de préciser que l’AMORC est reconnu d’utilité publique dans plusieurs pays, en raison notamment de sa contribution à la culture, à l’éducation et à la paix. Cette reconnaissance confirme la noblesse des idéaux qui animent les Rose-Croix depuis toujours. Pour vous en convaincre, il suffit de rappeler que Comenius (1592-1670), membre de la Fraternité rosicrucienne de l’époque, est considéré de nos jours comme le père spirituel de l’Unesco. Il est l’auteur, entre autres, d’un ouvrage magistral ayant pour titre La Consultation universelle, dans lequel il propose les principes de base sur lesquels devrait être fondée l’éducation, dans la perspective de donner naissance à une « nouvelle humanité », animée par la volonté de vivre dans le respect mutuel et la paix.

Comenius ne fut pas le seul personnage éminent à faire partie de l’ordre de la Rose-Croix ; d’autres, au cours de l’Histoire, en ont été membres ou furent en contact étroit avec lui. À titre d’exemple, ce fut le cas de Francis Bacon, Michael Maier, Robert Fludd, Élias Ashmole, René Descartes, Baruch Spinoza, Isaac Newton, Wilhem Leibniz, Benjamin Franklin, Goethe, Novalis, Nicolas Roerich… Tous ces penseurs et philosophes ont en commun d’avoir oeuvré à l’élévation des consciences et à l’amélioration de la condition humaine. L’AMORC compte toujours des personnalités éminentes dans divers domaines du savoir et de la culture, mais leur affiliation étant confidentielle, il ne m’appartient pas de révéler leur identité.

Naturellement, je n’ai nullement la prétention de me situer au niveau des penseurs et des philosophes auxquels je me suis référé précédemment. Je m’en sens même très éloigné, car je suis pleinement conscient de n’avoir ni leur intelligence, ni leur érudition. Mais il se trouve que j’assume depuis plusieurs années la fonction de Grand Maître et que je suis amené à m’exprimer sur des thèmes divers, le plus souvent à la demande des membres de l’AMORC, mais également de non-membres qui m’écrivent ou assistent aux conférences que je présente de temps à autre. Ce livre, précisément, est une compilation de points de vue que j’ai eu l’occasion de donner à propos de notions mystiques ou de sujets de société. Pour des raisons évidentes, tous sont traités sous l’angle de la philosophique rosicrucienne, laquelle est à la fois humaniste et spiritualiste.

Pourquoi le titre Pour un autre monde ? Parce que j’aspire, comme la plupart des rosicruciens, sinon tous, à un monde autre que celui dans lequel nous vivons, un monde nouveau, fondé sur une vision spiritualiste, humaniste et écologiste de la société. Or, tous les points de vue présentés dans ce livre, qu’ils concernent des notions mystiques (l’âme, le karma, la réincarnation…) ou des sujets de société (l’euthanasie, le don d’organes, la peine de mort…), sont traités dans cet esprit. Je pense en effet que si l’humanité veut se forger un bel avenir, elle doit faire sienne la devise : « Spiritualité Humanisme Écologie. » Il me semble évident que si elle poursuit sur le « modèle » actuel, elle se condamne à disparaître à moyen terme.

Si les explications données sur des thèmes mystiques reflètent l’enseignement de l’AMORC, celles qui concernent des sujets de société n’engagent que moi. Elles ne constituent donc pas une position officielle de l’Ordre, de ses dirigeants et de ses membres. Vous devez plutôt les considérer comme des points de vue personnels et en faire une base de réflexion, voire de méditation. L’une des caractéristiques de la philosophie rosicrucienne est d’être non dogmatique, à tel point qu’il est demandé à tout rosicrucien de toujours demeurer un « vivant point d’interrogation » à l’égard de ce qui lui est enseigné dans le cadre de son affiliation. Soyez vous aussi un penseur libre.

Une autre remarque me semble nécessaire : vous seriez dans l’erreur si vous en veniez à penser que telle explication de ma part s’inspire de telle idéologie politique. L’AMORC est totalement apolitique, ce qui explique pourquoi il compte parmi ses membres des hommes et des femmes ayant des opinions différentes, voire opposées, dans ce domaine. Soucieux de respecter cette règle que j’approuve sans réserve, je me fais un devoir de ne rien laisser paraître de mes convictions politiques, en supposant même que j’en aie. Ce qui m’anime dans le cadre de ma fonction, et dans ma vie en général, ce n’est pas la politique, mais la philosophie, au sens étymologique de ce terme, c’est-à-dire au sens d’« amour de la sagesse ». Ne vous méprenez pas : cela ne signifie aucunement que je suis un sage.

Dans le même ordre d’idée, l’AMORC réunit des membres appartenant à toutes les religions, mais également des personnes qui n’en suivent pas, notamment chez les jeunes. S’il en est ainsi, c’est parce qu’il n’est lié et ne se rattache à aucune d’entre elles, ce qui est mon cas également. À ce sujet, et contrairement à ce que l’on pourrait penser a priori, la Rose-Croix, son symbole, ne se rapporte pas au christianisme : la croix représente le corps physique de tout être humain, à l’image de la forme qu’il prend lorsque l’on se tient debout, les jambes serrées et les bras tendus à l’horizontale. Quant à la rose, placée au centre, elle symbolise son âme en voie d’évolution. Dans l’absolu, vous conviendrez certainement que tout spiritualiste pourrait faire sien ce symbole, tant il est universel et intemporel.

En lisant cet ouvrage, vous constaterez que les thèmes abordés ont été classés par ordre alphabétique. J’ai pensé que cela favoriserait d’éventuelles recherches de votre part. Par ailleurs, vous noterez que certaines explications se recoupent, ce qui est inévitable, car « tout est en tout ». J’ai bien conscience également qu’elles ne sont pas exhaustives et qu’elles mériteraient d’être développées. Mais par nature, je suis plutôt concis, ce qui n’est pas nécessairement un avantage. Quoi qu’il en soit, j’espère que vous en prendrez connaissance avec intérêt et qu’elles vous permettront de vous faire une bonne idée de la philosophie rosicrucienne et, par extension, du rosicrucianisme, qu’un auteur a qualifié de « joyau de la spiritualité occidentale ».

Dans cet avant-propos, je n’ai pas abordé l’histoire de l’AMORC, son enseignement, son fonctionnement, sa structure… Tel n’est pas le but de ce livre. Si vous souhaitez en savoir davantage à ce sujet, je vous suggère de vous rendre sur son site internet, où vous trouverez les explications souhaitées. Si vous prenez le temps de consulter le dossier de presse qui s’y trouve, vous constaterez que cet Ordre fraternel est ouvert sur l’extérieur et que c’est à juste titre qu’il est considéré dans le monde entier comme un mouvement philosophique respectable et respecté.

Avec mes meilleures pensées,

Serge Toussaint

Index des sujets traités

  • Alchimie spirituelle
  • Âme du monde
  • Amitié
  • Amour
  • Androgynat
  • Animaux
  • Après-vie
  • Argent
  • Avortement
  • Beauté
  • Big Bang
  • Bonheur
  • Compassion
  • Connaissance
  • Conscience
  • Consommation
  • Créationnisme
  • Critique
  • Croyances
  • Culture
  • Destin
  • Diable
  • Écologie
  • Écoute
  • Éducation
  • Égalité
  • Ego
  • Épreuves
  • Erreur
  • Espoir
  • Estime de soi
  • Éthique
  • Être humain
  • Euthanasie
  • Extraterrestres
  • Foi
  • Fraternité
  • Gentillesse
  • Géométrie sacrée
  • Harmonie
  • Hasard
  • Hermétisme
  • Histoire
  • Honneur
  • Humanisme
  • Humanité
  • Illusions
  • Immortalité
  • Indépendance
  • Individualisme
  • Intelligence
  • Intelligence artificielle
  • Intuition
  • Joie

  • Justice
  • Karma
  • Liberté
  • Libre arbitre
  • Livres sacrés
  • Loi d’attraction
  • Luxe
  • Matérialisme
  • Matière
  • Miracles
  • Modes
  • Mort
  • Naissance
  • Nationalisme
  • Nature humaine
  • Pardon
  • Péchés
  • Peine de mort
  • Peur
  • Philosophie
  • Pouvoir
  • Quatre éléments
  • Racisme
  • Rationalité
  • Résilience
  • Rêves
  • Rire
  • Sacré
  • Sacrifice
  • Sagesse
  • Santé
  • Science
  • Science des nombres
  • Secret
  • Soi
  • Solitude
  • Spiritualité
  • Superstition
  • Surpopulation
  • Symbolisme
  • Technologie
  • Temps
  • Théocratie
  • Théorie du complot
  • Tolérance
  • Transcendance
  • Transhumanisme
  • Unité
  • Univers parallèles
  • Utopie
  • Végétarisme
  • Vérité
  • Vieillesse
  • Violence

Appel à l’écologie

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Le 24 septembre 2015 – Année R+C 3368
Actualisée le 26 février 2019 – Année R+C 3371

APPEL À L’ÉCOLOGIE

de Serge Toussaint, Grand Maître de l’Ancien et Mystique Ordre de la Rose-Croix

Jusqu’à une époque relativement récente, les écologistes, déclarés ou non comme tels, n’étaient pris au sérieux, ni par les dirigeants politiques, ni par le peuple. On les considérait, au mieux comme de “doux rêveurs” en rupture avec la réalité, au pire comme des marginaux opposés au “système”. Aux yeux de la grande majorité des êtres humains, la planète semblait indestructible, invulnérable, inaltérable… La nature elle-même était perçue comme une très belle “mécanique”, réglée pour durer indéfiniment. De plus en plus exploitée et maltraitée, elle donnait pourtant des signes de déséquilibre et de désordre, mais très peu de personnes s’en préoccupaient.

Le développement de la technologie et de la science, conjugué à l’augmentation constante de la consommation, a conduit à une industrialisation de plus en plus grande de la société, et avec elle à une altération croissante de l’environnement : pollution des sols, de l’eau et de l’air ; déforestation excessive ; destruction des écosystèmes ; disparition définitive de certaines espèces végétales et animales ; émission massive de gaz à effet de serre, etc. Cette dégradation de la nature s’est mondialisée et concerne désormais l’ensemble de la planète. C’est donc la Terre elle-même, en tant qu’espace de vie, qui est aujourd’hui menacée, au point de compromettre à court terme l’existence même de l’humanité.

L’un des dérèglements les plus marquants de la planète est celui du climat, et ce, sur tous les continents. Longtemps nié ou minimisé, ce dérèglement climatique est désormais admis par la communauté scientifique et par une très grande partie de la population. Or, sans aller jusqu’à dire que c’est l’activité humaine qui en est responsable, il est établi qu’elle contribue au moins à l’accélérer, notamment en raison de la trop grande émission de gaz à effet de serre. Toujours est-il que la température moyenne a augmenté sur l’ensemble du globe, de sorte que les glaciers et les banquises polaires fondent à une vitesse inquiétante, et que le niveau des mers et des océans commence à s’élever. Sans parler de la multiplication des tempêtes, cyclones, inondations, feux de forêts et autres catastrophes naturelles.

La question qui se pose est de savoir pourquoi l’humanité en est arrivée là. D’une manière générale, c’est parce que l’économie s’est développée au détriment de l’écologie, et que la vie moderne a provoqué une rupture entre les hommes et la nature. Depuis ce que l’on appelle la «révolution industrielle», commencée à la fin du XVIIIe siècle, ils n’ont cessé d’exploiter leur environnement à outrance et d’en faire une source excessive de profits, ignorant ou feignant d’ignorer les dégâts parfois irréversibles provoqués sur lui. Ce sont évidemment les pays que l’on dit développés qui l’ont le plus dénaturé et qui, de ce fait, portent la plus grande part de responsabilité dans l’état actuel de la planète. Malheureusement, ils peinent à l’admettre et à réparer leurs erreurs.

Il devrait sembler évident à tous que si les pays dits sous-développés ou en voie de développement suivent le “modèle” des pays dits développés, notre planète n’y résistera pas, d’autant que la population mondiale ne cesse de croître de manière exponentielle, problème très préoccupant auquel, hélas, on n’accorde pas suffisamment d’attention. Les ressources naturelles de la Terre ne sont pas inépuisables, et les biens de consommation produits par les hommes, outre les pollutions diverses générées par leur fabrication, ne peuvent être partagées à l’infini. Nous devons donc changer radicalement notre mode de vie et mettre un terme à la culture consumériste qui prévaut dans de nombreux pays.

En raison de la crise économique et sociale que connaît le monde depuis plusieurs décennies, l’écologie a été totalement négligée par les gouvernements, soucieux avant tout de relancer l’économie, relance qu’ils associent quasiment tous à la croissance et à la consommation. Mais si la planète devient invivable en raison notamment du réchauffement climatique et de ses effets néfastes sur des centaines de millions de personnes, peut-être même sur des milliards, en quoi pourrons-nous nous satisfaire d’avoir restauré une économie florissante et un climat social apaisé ? Que dire également du coût des dégâts matériels provoqués par les intempéries dues à ce réchauffement, auquel s’ajoute malheureusement la mort d’un nombre de plus en plus grand de personnes ?

La plupart des spécialistes en la matière considèrent que nous ne disposons que de quelques années pour ralentir ce processus, avec, dans le meilleur des cas, la perspective de le stabiliser. C’est dire qu’il y a urgence ! Si aucune mesure concrète n’est prise sur un plan international, la situation va empirer à un rythme de plus en plus rapide et en produisant des effets de plus en plus destructeurs pour un nombre de plus en plus grand d’êtres humains. Des îles, des presqu’îles et des côtes continentales vont disparaître, ce qui entraînera des flux migratoires vers les terres a priori moins exposées. Ces millions de «réfugiés climatiques» s’ajouteront à ceux qui fuient déjà leur pays en raison de la guerre et (ou) de la pauvreté, avec tout ce que cela impliquera pour eux en termes de déracinement et de souffrances, mais aussi de problèmes à résoudre pour les peuples qui, bon gré mal gré, les recevront.

Mais le réchauffement du climat n’est pas le seul danger qui menace la survie de l’humanité. Comme je l’ai rappelé précédemment, et comme vous le savez, les pollutions de toutes sortes et autres atteintes à l’environnement réduisent de jour en jour notre qualité de vie. De toute évidence, nombre d’individus n’ont pas encore compris et intégré le fait que si la survie de l’espèce humaine dépend de la Terre, la Terre n’a pas besoin de l’espèce humaine pour continuer à exister. Et comme l’a dit Pierre Rabhi : «La planète ne nous appartient pas ; c’est nous qui lui appartenons. Nous passons ; elle demeure». Rappelons qu’elle s’est formée il y a environ 4,5 milliards d’années, et que les premières créatures vivantes sont apparues dans les océans il y a environ 4 milliards d’années. D’un point de vue strictement biologique, la disparition des êtres humains serait un énorme gâchis, car ils constituent une merveille de l’évolution, mais elle n’aurait aucune incidence sur l’existence de notre planète et encore moins sur l’univers.

Nous ne devons pas changer uniquement notre mode de vie ; nous devons changer également le regard que nous portons sur la nature, je pense en particulier aux animaux. Je ne m’étendrai pas sur ce sujet, car je l’ai traité dans une «Lettre ouverte aux animaux». Je me limiterai à dire qu’ils sont plus indispensables à notre vie que nous le sommes à la leur. Ils sont apparus sur Terre des centaines de millions d’années avant l’espèce humaine et, sauf apocalypse qui en ferait une planète définitivement morte, ils continueront à l’habiter pendant des millions d’années, que l’humanité y vive encore ou non. Quoi qu’il en soit, nous n’avons aucun droit sur eux, car ils ne sont pas et n’ont jamais été la propriété de l’humanité. En revanche, nous avons le devoir de les respecter, et même de les aimer.

L’écologie ne peut et ne doit pas être le “fief” de telle association ou de tel parti politique. Plus que jamais, elle est l’affaire de tous. Certes, les gouvernements ont une responsabilité majeure dans ce domaine, mais les citoyens ont également un rôle très important à jouer. Ils doivent s’impliquer individuellement et s’efforcer d’avoir un comportement respectueux à l’égard de la nature. Ne pas gaspiller l’eau, le gaz ou l’électricité, réduire autant que possible les déchets domestiques, recycler ce qui peut l’être, éviter l’usage des produits toxiques ou polluants, consommer raisonnablement, respecter les animaux…, sont autant d’attitudes que chacun peut adopter au quotidien et qui contribuent à préserver l’environnement. Si la majorité des êtres humains, tous pays confondus, consentaient à cet effort, la Terre pourrait se régénérer progressivement et redevenir un lieu privilégié où il ferait bon vivre pour tous.

L’Ancien et Mystique Ordre de la Rose-Croix a toujours accordé une grande importance à l’écologie, au sens, non pas idéologique ou politique du terme, mais humaniste. Au cours de ces dernières années, il a publié plusieurs textes sur ce thème, l’un des plus marquants ayant été lu au Sénat du Brésil, en présence de nombreuses personnalités civiles et politiques, lors du Colloque qui s’est déroulé en juin 2012 dans le cadre de «Rio +20». Par ailleurs, dans la «Déclaration rosicrucienne des devoirs de l’Homme», publiée en 2005 dans plusieurs journaux et revues de premier plan, on peut lire notamment : «Tout individu a le devoir de respecter la nature et de la préserver, afin que les générations présentes et futures puissent en bénéficier sur tous les plans et voir en elle un patrimoine universel» ; idée reprise et développée dans l’«Appelatio F.R.C.», éditée en 2014.

Si, comme je l’espère, vous êtes conscients de la gravité de la situation sur le plan écologique, et si vous voulez bien manifester votre désir de contribuer à la préservation de la nature, je vous invite à souscrire, vis-à-vis de vous-même, à l’engagement ci-après. Il suffit pour cela d’inscrire vos nom, prénom et lieu d’habitation à l’endroit indiqué. Par cet acte symbolique, vous vous promettrez de vous impliquer davantage encore dans la protection de notre planète.

Dans les liens qui nous unissent à la Terre-Mère, je vous adresse mes pensées les plus fraternelles.

Serge Toussaint
Grand Maître

 

PS : Alors que ce texte venait d’être publié, la France et d’autres pays d’Europe connaissaient en cette fin février des températures comprises entre 15 et 28 degrés (du jamais vu sur une période aussi longue). On aurait pu penser que les gens comme les présentateurs de la météo auraient montré des signes d’inquiétude… Mais non : la plupart se sont réjouis publiquement : « C’est super », « C’est génial », « C’est le rêve », « Pourvu que ça dure », « Un très beau week-end en perspective »

Je n’ai entendu aucune personne mettre un bémol à son enthousiasme et nuancer en précisant que c’est anormal pour la saison, que la nature risque d’en être perturbée, qu’il y a certainement un rapport avec le réchauffement climatique… Certes, je comprends que chacun apprécie le retour des beaux jours, mais en principe, il y a un “temps pour tout”.

Sommes-nous devenus à ce point individualistes et consuméristes pour ne penser qu’à notre bien-être et à notre intérêt du moment ? En ce qui me concerne, ce dérèglement climatique ne me réjouit guère et me semble très inquiétant. Assurément, les jeunes ont raison de manifester pacifiquement un peu partout dans le monde pour nous interpeller sur l’état de notre planète, d’autant que d’une manière générale, la responsabilité en incombe aux générations de leurs parents, grands-parents et arrière-grands-parents.

Qu’en pensez-vous ?

 

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Engagement individuel

Conscient(e) de la nécessité de s’impliquer individuellement dans la protection de l’environnement, je m’engage à faire de mon mieux pour donner l’exemple d’un comportement respectueux à l’égard de la nature et des animaux.


Nom Prénom, Ville, Pays


Toussaint, Serge, Le Neubourg, France
Bernard Christian, Le Neubourg, France
Bernard Hélène, Le Neubourg, France
Duport André, Rive-de-Giers, France
Bauer Colette, Montigny-Lès-Metz, France
Delabriere Dominique – Landepéreuse – France
Boutel Jocelyne, Le Neubourg, France
Nanga Armand, Dakar, Sénégal
Rougeau,Sylvain,Bouffémont,France
Meledje Rohel E. Esther, Argenteuil, France
Vilar Nathalie, Geaune, France
Drapeau Pierre, Richelieu, Canada
Ladune Sandrine, Laigneville, France
Gaujard Raymond
Didier Gilles, Port-au-Prince, Haiti
Alfred Denis, St Hubert Québec Canada
Bouclet, Nadia, Kiel, Allemagne
Arevalo del Carpio Carlos, Nantes, France
Dorsan Pelage, Sainte-Rose, Guadeloupe
Robert, Jean-Marc, Orford, Canada
Riant Jean Guy, Le Tremblay, France
Lemieux, France, Godmanchester, Canada
Guay, Lyne, Québec, Canada
Fournier Louise Rimouski Québec Canada
Peter, Franky, Lome, Togo
Brassard, H.J., Montréal, Québec
Bagalciague Daniel, Hendaye, France
C. Alvarez Catherine, Stukely, Canada
Okimbi Odette, Noisy le sec, France
Fournier Louise, Rimouski, Québec
Ladune Michel, Laigneville, France
Bitumba Evelyne, Issy Les Moulineaux, France
Bitumba Mankoto, Issy Les Moulineaux, France
Walker Dominique, Baccarat, France
Anne-Marie Kritzler, Stuttgart, Allemagne
Bernard Edith
Acakpo-Addra Fabrice, Cormeilles en Parisis, France
Serrano Mario, Poitiers, France
Frasca Patrice, Hyon, Belgique
Talbot Gilles, Hearst, Canada
Ardilley, William, Hourtin, France
Hus,Christian, Bomy, France
Glasner Claudine, Portiragnes, France
André Mithieux, Rivières, France
Sophie Blanco, Bordeaux, France
Müller, Francine, Staffelfelden, France
Maryse Dubuffet, Segard, Rueil Malmaison
Deremaux Jean-François, Libercourt, France
Martine Blanco Eline Corneilhan France
Rudolf Mathias, Strasbourg, France
Neveu Mary, Rose-Hill, Île Maurice
Vovard, Hadrien, Paris, France
Houceine Abd El Aziz et Malika
Guérin Sonia Maria Galizi/ Ribeirão Pires/SP/ Brésil
Guérin Alain Adrien/ Ribeirão Pires/SP/Brésil
Garneau, Jean-Roch, Ottawa Canada
Roger Cishugi, Kinshasa, Rd-Congo
Gual virginie, Bompas
Annaix Danièle, France
Annaix Frédéric, France
Rivasseau,J ean-Marc, Vendée, France
Dubé Christian, Ottawa, Canada
Burzawa-Caillard, Eric, Tournan en Brie, France
Chenard Florence, Québec, Canada
Dago Patricia, Abidjan, Côte d’Ivoire
Kuntz Eliane, Ingersheim, France
Croquet Sylvestre, Toulenne, France
Bernard Andrée, Meursault, France
Etelin Christine, Segreville, France
Gravini Jean Pierre, Biguglia Corse
Tourrette Loïc, Pibrac, France
Surcin Hélène, Alençon, France
Najafaly Mounir, Saint Pierre, La Réunion
Mielle Marylène, Tarsul, France
Caus Marie, Paris, France
Chemin Alexandre, Chaumont, France
Fallecker Jacques, Nice, France
Josique Guillaume, Bigarades, Rodrigues, Île Maurice
Corbeil, Jean Pierre, Wentworth-Nord, Québec, Canada
Kuntz Bernard, Ingersheim, France
Ngampika Nguissaliki, Timarli, Brazzaville, Congo
Beauboeuf, Claude, Port-au-Prince, Haïti
Pascoet Corinne, Toulon, France
Benezech, Monique, Le Neubourg, France
Kouagny Nafiessou, Olivier Desire
Guy Barillet, Rueil-Malmaison, France
Villedrouin Cassandra, Ottawa, Canada
Barbey, Denis, Bussigny, Suisse
Bariteau Monique, Arvert, France
Ntukanyagwe, Eric, Kigali, Rwanda
Immélé, Arnaud, Colmar, France
De Raulin Hervé, France
Guillot, Patrick, Houlgate, France
Boisvert, Ghislaine, Trois-Rivières, Canada
Joseph, Roseline, Rimouski, Canada
Moisan Marjolaine, Lévis (QC) Canada
Binate, Youssouf, Abidjan, Côte D’ivoire
Hangbe, Vital, Abomey, Bénin
Petit Magali, Revere, Massachusett
Depoorter Evelyne Angers, France
Novial Bruno, Marseille, France
Alvarez Eutiquio, Stukely, Canada
Hounyovi Wulfram Camille, Cotonou, Bénin
Yap Célestin Aimé, La Queue En Brie, France
Odjo, Judicaël, Cotonou, Bénin
Dennler Pascale, Thann, France
Micheline Carignan, Ottawa, Canada
Serra Gérald, Montréal, Canada
Madilian Félix, Paris, France
Joffre Jean François, Les Arques, France
Maltais, Jacqueline, Pointe-Lebel, Canada
Lucas Isabelle
Husseini Youssef, Ouagadougou, Burkina Faso
Vakoum Gohoré Sylvère
Benoit Emilien, Ile Maurice
Dossou-Yovo A. C. Aristide, Cotonou, Bénin
Koffi Kevin. J, Abidjan, Côte d’Ivoire
Zimmer Valérie, Poitiers, France
Randriamiarintsoa Tahiry, Antsirabe, Madagascar
Laval, Lionel, Igny, France
Courtial Claire, Bordeaux, France
Alvarez Eutiquio Stukely Canada
Cazaud B.
Béland, Nicole, Montréal, Canada
Bonnard Thierry, Nice Comté de Nice, France
Kone, Nouhoum, Bamako, Mali
Toussaint André, Normandie, France
Toussaint Christiane, Normandie, France
Devaux Sylvain, Le Neubourg, France
Pecetto Jacques, Le Bosc Roger en Roumois, France
Etongue Mayer, Joël, Yaoundé, Cameroun
Dubé Annette, Montmagny,Canada
Ouégnin Angele, Abidjan, Côte d’Ivoire
Rodriguez Roger, Toulon, France
Rodriguez Carmen, Toulon, France
Rodriguez Nathalie, Toulon, France
Cleyet-Marrel Félix, Toulon, France
Walcker, Lucien, Argenteuil, France
Diarrassouba, Abroulaye, Abidjan, Côte d’Ivoire
Nda Adou, Abengourou, Côte d’Ivoire
Kokolo, Nathan, Kinshasa, RDC
Parra Julien, Bours , France
Laurent Thierry, Le Loroux Bottereau, France
Kone Ismael, Abidjan, Côte D’Ivoire
Rodriguez Roger, Toulon, France
Lartigue Andre Parigny, France
Markstein Max, Mulhouse, France
Cazaud Béatrice, Nîmes, France
Mussamba Claudine, Kinshasa, R.D.Congo
Degboe, Prosper, Carlisle, Pennsylvania USA
Adjoualé Aby, Fontenay le Fleury, France
Mabikana Diallo, Paris, France
Sylvie Cabrera, Vulaines Sur Seine, France
Evano Francis, Bois Le Roi, France
Constelline, Normandie
Lebon Mathilde, Lyon, France
Olaechea, Sylvie, Montréal, Canada
Desuche Eveline, Nantes, France
Desuche Jean, Nantes, France
Richet, Nina, Paris, France
Dupuis Beauchamps Isabelle, Egly ,France
Jean, Jesper-Endieu, Port-De-Paix, Haïti
Sully Chritophe, Uniondale, New-York
Rastouil, Sébastien, Montpellier, France
Ine Toily Seraphin, Nuneaton, Royaume Uni
Beaulieu Marie Carmel, Jacmel, Haiti
Walcker Lucien, Argenteuil, France
Remery, Thierry, Genève, Suisse
Pasteur-Remery Amalia-Elena, Genève, Suisse
Heckmann Philippe –
Ouedraogo Saidou, Ouaga, Burkina Faso
Delimele Marie-Claude, Moissat, France
Binette Alain, Lachute, Québec Canada
Binette Thérèse, Québec, Canada
Gauvreau Yolande, Lachute ,Québec, Canada
Grenier Marie-Rose, Sherbrooke, Canada
Gadreau Nicole, Sherbrooke, Canada
Destin Djems, Port-au-Prince, Haiti
Gros-Louis, Yves, Wendake, Canada
Rivard Serge, Montréal, Canada
Serge Rivard, Montéal, Canada
Cassien Ndamanisha, Bujumbura, Burundi
Lafon Jean Pierre, Toulouse, France
Lafon Pierrette, Toulouse, France
Yeo Kassinibin Abidjan Côte D’ivoire
Nijean jannie, Fort de France, Martinique
Nijean octavius ,Fort de France ,Martinique
Adankpo Dakitche Darius, Lome, Togo
Petit Serge, Montréal, Canada
Ilboudo Victor, Ouagadougou, Burkina Faso
Ouellet Monet, Pointe-Lebel, Canada
Denis, Miko, Port-au-Prince, Haiti
Tremblay, Ninon, Brownsburg-Chatham, Qc, Canada
Poupart Ghislaine, Nantes, France
Pineau Annig Nantes France
Guinot Geneviève, Saint Maurice, France
Galdiolo Iole, Flourens, France
Berry Michèle, Emanville, France
Vanier, Julie, Bromont, Canada
Gemme Annette, Shawinigan, Québec, Canada
Virmoux, Pascal, Ottawa, Canada
Nalbach, Myriam, Verona, Italie
Derouiche Pierrette, Montargis, France
Poudroux Dominique, Le Tampon, La Réunion
Haquet, Isabelle, Chatou, France
Aïda Coudray, Nancy, France
Alain Pierre Benoit Gonin, Rio de Janeiro, Brésil
Cougniot Florence, Creteil, France
Gonnet Micheline, Paris, France
Vaimbamba Emmanuel, Ouagadougou, Burkina Faso
Parent Carole, Québec, Canada
Miranda-Cortes Ghislaine, Saint Martin De Nigelles, France
Roesch, Sabine, Colmar France
Mabikana Diallo, Paris, France
Augier Jean-Bernard
Bouchard, Valery Georges, Port-Gentil, Gabon
Bita Minsili, Douala, Cameroun
Lutomatala S.Athanase, Luanda, R.Angola
Ouattara, Bêh, Abidjan, Côte d’Ivoire
Ouattara, Kadiatou, Abidjan, Côte d’Ivoire
Talacchia Marc Quingey, Rance
Ahandagbe Etienne, Porto-Novo, Bénin
Godin Sylvie, Le Neubourg, France
Damo Gilbert, Abidjan, Côte d’Ivoire
Galaz José, Juvisy, France
Diomandé Zeba Brigitte, Abidjan, Côte D’ivoire
Montagut, Daniel, Aspiran, France
Pecout, Véronique, Le Sappey en Chartreuse France
Lecomte Marie, Boucau, France
Castagno Andrée, Vienne, France
Carayol Christine, Carcassonne, France
Perron, Michel, Pully, Suisse
Ganglo Cossi Jean, Abomey-Calavi, Bénin
Kernaonet Michel, Paimpol, France
Gagné Normand, Montreal, Canada Québec
Kanyemesha Blaise, Francfort, Allemagne
Koutouan, Abokon, Abidjan, Côte D’ivoire
Zannou Paul, Cotonou, Bénin
Ehouman Fulbert, Côte D’Ivoire, Abidjan
Mamadou Kouanda, Sinfra, Côte d’Ivoire
Guidjime Lazare abomey-calavi, Bénin
Denival, Peterwens Dourolph, Port au prince, Haïti
Nzeki kevin, Dschang, Cameroun
Yao Felix, Donatienn Abidjan, Côte D’ivoire
Brassard Hélène, Montréal, Québec
Francine Müller, Staffelfelden Alsace, France
Bathelemy Ralph Kliftong, Port-au-Prince, Haïti
Lafaille Serge, Clermont l’Hérault, France
Legrand Christian, Rouillon, France
Martinon  Jérome, Bordeaux, France
Frédéric Bony, France

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Lettre ouverte aux femmes

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Le 23 juin 2014 – Année R+C 3367
Actualisée le 08 mars 2019 – Année R+C 3371

« La femme est l’unique vase qui nous reste encore où verser notre idéalité. »
Goethe (1749-1832)

LETTRE OUVERTE AUX FEMMES

de Serge Toussaint, Grand Maître de l’Ancien et Mystique Ordre de la Rose-Croix

Au cours des derniers mois et des dernières années, j’ai écrit diverses lettres ouvertes, non pas dans le but de susciter des polémiques ou de faire valoir mes idées dans tel ou tel domaine, mais dans celui d’échanger sur des sujets qui me tiennent à cœur en tant que citoyen et Grand Maître de l’Ancien et Mystique Ordre de la Rose-Croix. À plusieurs reprises, j’ai pensé en rédiger une à l’intention des femmes, mais je me suis ravisé chaque fois, de crainte de sembler quelque peu opportuniste. En effet, on ne compte plus le nombre d’émissions, d’éditoriaux, d’articles, de débats et autres entretiens portant sur ce thème et les questions qui lui sont liées : égalité, parité, maltraitance, discrimination, etc. Après maintes hésitations, je me suis finalement décidé à rédiger cette «Lettre ouverte aux femmes», afin que ceux et celles qui la liront mesurent à quel point les Rosicruciens ont toujours été précurseurs dans ce domaine.

En premier lieu, il me semble important de préciser ou de rappeler que sur le plan traditionnel, l’Ordre de la Rose-Croix remonte aux Écoles de Mystères de l’Égypte antique. Or, les femmes étaient admises au même titre que les hommes à fréquenter ces Écoles, et certaines d’entre elles faisaient partie des maîtres qui les dirigeaient. D’une manière générale, la femme était très respectée dans la civilisation égyptienne, ne serait-ce que parce qu’elle donnait la vie (ankh), laquelle était considérée comme le bien le plus précieux qui soit. À plusieurs reprises, l’Égypte fut dirigée par des pharaons femmes qui donnèrent la preuve de leur intelligence et de leurs compétences, parmi lesquelles Hatshepsout et Cléopâtre. Nombre de reines furent également connues pour avoir joué un rôle très positif sur les plans social et politique, à l’instar de Khenet-Kaous, Tiyi, Nefertiti, Mouttouya, Nefertari, etc.

Fidèle à sa Tradition, l’A.M.O.R.C. a toujours été ouvert aux femmes comme aux hommes, à tel point qu’elles sont quasiment aussi nombreuses (40 %). Dans la juridiction francophone, le deuxième Grand Maître fut une femme (Jeanne Guesdon). D’autres juridictions sont ou ont été dirigées par une femme. Il en est également qui sont chargées de superviser une région ou qui, sur un plan local, sont responsables d’une Loge, lieu où les Rosicruciens qui le souhaitent peuvent se réunir pour mener des travaux collectifs. L’Ordre de la Rose-Croix n’a donc pas attendu que l’on s’interroge sur l’égalité et la parité homme/femme pour les admettre sans distinction et leur accorder les mêmes droits et les mêmes prérogatives. De même, il a toujours été ouvert à toutes les races, toutes les nationalités, toutes les classes sociales et toutes les religions, étant entendu qu’il est totalement apolitique. En cela, il constitue une fraternité (les femmes pourraient dire une «sororité») universelle et cosmopolite.

La question qui se pose est de savoir pourquoi les femmes, depuis des millénaires et de nos jours encore, ne sont pas considérées comme les égales des hommes et subissent diverses discriminations et oppressions. Je pense que la cause essentielle de cette situation provient d’une interprétation littérale des textes qui ont servi de fondement au Judaïsme, au Christianisme et à l’Islam, religions que par ailleurs je respecte dans ce qu’elles offrent de meilleur à leurs fidèles pour vivre leur foi. Si l’on en croit la Genèse, Adam a été chassé du Paradis à cause d’Ève qui, influencée par le serpent (le diable), l’incita à manger la pomme (le fruit de la connaissance), ce que Dieu leur avait interdit de faire. D’après la Bible, ce «péché originel» entraîna la «chute de l’homme», et avec elle la vie d’épreuves et de souffrances à laquelle le genre humain semble condamné. Vue sous cet angle, c’est la femme qui serait responsable de la condition actuelle de l’humanité. Pour ce qui est du Coran, il est dit dans la sourate 4 (34) : «Les hommes ont autorité sur les femmes en raison des faveurs qu’Allah accorde à ceux-là sur celles-ci, et en raison des dépenses qu’ils font de leurs biens [pour elles]».

D’un point de vue rosicrucien, la chute de l’homme, telle qu’elle est expliquée dans la Genèse, est un récit allégorique qui ne doit pas être interprété littéralement. Adam et Ève ne peuvent correspondre au premier homme et à la première femme ayant vécu sur Terre, car sous l’effet de la consanguinité, une dégénérescence se serait nécessairement produite au terme de quelques générations successives et aurait abouti à une “humanité” dégénérée, pour ne pas dire “tarée”. Par ailleurs, comment concevoir qu’il ait pu exister un paradis terrestre, alors que l’on connaît désormais les grandes étapes qui ont marqué la formation de notre planète (depuis son état igné jusqu’à son refroidissement et l’émergence des continents) et l’apparition de la vie (depuis les êtres unicellulaires jusqu’aux premiers hominidés, en passant par les amphibiens, les dinosaures, les oiseaux et les mammifères). Enfin, le diable n’existe pas et n’a jamais existé en tant que tel ; s’il fallait lui trouver une correspondance, ce serait l’homme lui-même, lorsqu’il applique son libre arbitre d’une manière négative, au point de commettre des actes destructeurs et barbares.

Sans entrer dans les explications détaillées qui sont données sur ce sujet dans l’enseignement de l’A.M.O.R.C., Ève symbolise l’Âme universelle, Adam le Genre humain, et la chute de l’homme le processus cosmologique et cosmogonique qui permit à la première d’animer le second, suite au Fiat Lux dont il est fait mention dans la Bible et que l’on peut assimiler au Big Bang des scientifiques. Appliqué à tout être humain, ce processus correspond à celui grâce auquel son âme (Ève) s’incarne (chute) dans son corps (Adam). Précisons que d’un point de vue rosicrucien, cela se produit au moment, non pas de la conception, comme l’enseignent les religions, mais de la naissance, lorsque l’enfant prend son premier souffle. En termes allégoriques, cela veut dire qu’une chute a lieu chaque fois qu’une maman met un bébé au monde, ce qui, au-delà des souffrances qui accompagnent souvent l’accouchement, n’a rien d’un châtiment divin. Au contraire, c’est en principe un événement heureux pour les parents et ceux qui en sont les témoins.

Considérant que la femme est responsable de la chute de l’homme et de la condition actuelle de l’humanité, avec son lot de souffrances, d’épreuves et de malheurs, les religions juive et chrétienne l’ont très longtemps associée à un être à la fois influençable, corrupteur et enclin à faire le mal. L’Église catholique alla même jusqu’à postuler, sinon qu’elle n’avait pas d’âme, du moins qu’elle était une proie facile pour Satan, d’où les nombreuses condamnations pour hérésie et les non moins nombreux supplices pour sorcellerie. Pourtant, les condamnées et les suppliciées n’avaient rien de diabolique ; elles furent victimes de l’ignorance, de l’intégrisme et du fanatisme de ceux qui, au nom de Dieu, les livrèrent aux inquisiteurs et aux bourreaux. Assurément, les femmes possèdent et ont toujours possédé une âme, et cette âme a la même origine et la même nature que celle des hommes. En effet, toutes sont des émanations de l’Âme universelle.

Un autre facteur a conduit les religions à inférioriser les femmes : leur conception de Dieu. En effet, la plupart d’entre elles l’ont présenté durant des siècles comme un Surhomme siégeant quelque part dans le ciel et se comportant à l’égard des hommes comme un père envers ses enfants. Dans le prolongement de ce paternalisme divin, les clergés successifs firent du patriarcat le fondement de leur autorité et en exclurent les femmes. De nos jours encore, il leur est quasiment impossible, toutes religions confondues, d’exercer des fonctions sacerdotales et de transmettre les sacrements. Dans certaines d’entre elles, elles n’ont même pas le droit de pénétrer dans des lieux considérés comme sacrés et ne peuvent se mêler aux hommes lors de certains offices. Rappelons également qu’il y a des “Fraternités” traditionnelles ou philanthropiques qui refusent encore que les femmes participent à leurs activités.

À propos de Dieu, il me semble utile de rappeler l’idée que les Rosicruciens en ont. Pour eux, il s’agit d’une Intelligence, d’une Conscience, d’une Énergie, d’une Force à la fois absolue et impersonnelle : autant de mots féminins pour désigner le Créateur, pour ne pas dire la Créatrice. Est-ce à dire que les fidèles des religions devraient parler de «Dieu la Mère» plutôt que de «Dieu le Père» ? N’étant pas un Être anthropomorphique, Dieu, Yaveh, Allah, Brahma ou Autre n’est ni masculin, ni féminin. Par extension, Il n’est ni paternaliste, ni maternaliste à l’égard de l’humanité. Et une chose est certaine : quelle que soit la conception que l’on peut en avoir, Il n’a jamais décrété que l’homme était supérieur à la femme, et encore moins qu’elle devait se soumettre à lui pour quelque raison que ce soit. Ce sont les clergés successifs qui sont allés dans ce sens, contribuant ainsi à l’inférioriser au cours des âges.

Comme le prouvent nombre d’études et de découvertes anthropologiques, des sociétés matriarcales ont existé sur tous les continents depuis la plus haute Antiquité. Indépendamment des croyances religieuses qu’elles entretenaient, elles avaient en commun d’être pacifistes, de privilégier l’intérêt général, de répondre autant que possible aux besoins de chacun, et de respecter la nature. La plupart lui vouaient d’ailleurs un culte à travers la Terre-Mère, qu’elles associaient à la Mère divine, Divinité ultime qui, d’après les traditions ancestrales, avait enfanté l’univers et tout ce qu’il contient. Parmi les plus connues, citons les Ibères, les Étrusques, les Harapéens, les Karakoum, les Minoens, les Naxis, les Iroquois, les Arawak, les Khasis, les Wayuu, les Buthanais, etc. Certes, ces sociétés matriarcales ne furent pas parfaites, mais dans nombre d’aspects, elles furent beaucoup plus avancées que la plupart de celles qui étaient fondées sur le patriarcat.

Si la religion en général n’a pas favorisé l’épanouissement des femmes et les a même maintenues dans un état de dépendance et de soumission envers les hommes, la politique ne s’est jamais empressée de les en libérer et de leur permettre d’exprimer pleinement leur potentiel d’intelligence et de créativité. Durant des siècles et jusqu’à une époque relativement récente, elles furent systématiquement écartées du pouvoir, sous prétexte qu’elles manquaient de réalisme et d’autorité. Confortés par la religion, aveuglés par la haute opinion qu’ils avaient d’eux-mêmes, convaincus de la supériorité naturelle de la gent masculine, les hommes impliqués en politique furent très longtemps enclins à faire preuve, au mieux de condescendance, au pire de mépris à l’égard des femmes qui osaient avoir ne serait-ce que des opinions dans ce domaine. Rappelons qu’il fallut attendre le début du XXe siècle pour qu’elles soient autorisées à voter (1945 en France). Et de nos jours encore, y compris dans les démocraties, il est beaucoup plus difficile à une femme qu’à un homme de s’imposer dans la gouvernance. De même, l’accès au savoir leur fut longtemps interdit.

En ce qui me concerne, et comme pourraient en témoigner nombre d’amis et de connaissances, j’ai toujours pensé que la femme était au moins l’égale de l’homme. Outre que l’intelligence n’est pas et n’a jamais été l’apanage des hommes, les femmes ont des qualités que nombre d’entre eux n’ont pas, dont le courage. En effet, il en faut pour mener de front la vie familiale et l’activité professionnelle, comme beaucoup d’entre elles le font, parfois seules et dans des conditions difficiles. Autres vertus (pour reprendre les termes de Socrate) plutôt féminines : la patience, la persévérance, la générosité, l’abnégation, sans oublier l’intuition, cette faculté que les Rosicruciens attribuent à l’âme qui nous est propre, ce qui pourrait laisser entendre que la femme est virtuellement plus spirituelle que l’homme. Dans cet ordre d’idée, il est intéressant de noter que les mystiques en sont venus à personnaliser la sagesse sous les traits de Sophia, que les philosophes grecs assimilaient également à l’Âme du monde.

Puisque je viens de me référer aux mystiques, peut-être est-il utile de préciser que les Rosicruciens se sont toujours employés à rendre hommage aux femmes qui ont œuvré et œuvrent encore au service de la connaissance et de la sagesse. L’A.M.O.R.C. comme l’U.R.C.I. (Université Rose-Croix Internationale) ont d’ailleurs publié de nombreux articles et plusieurs livres sur ce thème, dans lesquels sont présentées la vie et l’œuvre de femmes qui ont marqué l’histoire du mysticisme, de la spiritualité et de la philosophie : Gargi Vachaknavi, Maria Hebraea, Arignote, Hypatie, Rabia al-Adawiyya, Jahanara, Hildegarde de Bingen, Esclarmonde de Foix, Dame Pernelle, Tiphaine de Raguenel, Margery Kempe, Tarquinia Molza, Jane Lead, Helena Blavatsky, Marie Corelli, Helena Roerich, Mâ Ananda Moyi, etc. D’autres femmes, dans bien d’autres domaines, ont également contribué à l’élévation des consciences et à l’évolution des mentalités. Mais l’Histoire , longtemps écrite par des hommes, les a laissées dans l’anonymat.

Mais en définitive, à qui la faute si les femmes ont été et sont encore sous-considérées dans nombre de domaines, sinon aux hommes ? Ce sont eux qui, à travers la religion, la politique et la société en général, ont refusé et refusent encore de voir en elles leurs égales. Que craignent-ils ? Qu’elles soient plus efficaces, plus perspicaces, plus inspirées ? Qu’elles prennent leur place ? Qu’elles les dominent ? Est-ce uniquement par pur machisme, cet orgueil de certains “mâles” qui en sont encore à penser qu’ils leur sont supérieurs sous prétexte qu’ils sont (a priori) plus forts physiquement et qu’ils sont “géniteurs-reproducteurs” ? Pourtant, qu’y a-t-il d’admirable et de méritoire à être celui qui féconde ? En revanche, porter un enfant en son sein, le mettre au monde et l’éduquer le mieux possible (sur ce point le père a lui aussi un rôle important à jouer) est digne d’admiration.

Comme chacun peut le constater, les femmes se sont grandement émancipées (au sens positif du terme) et sont en voie d’obtenir la place qui leur revient dans la société, tout du moins dans les pays démocratiques et laïcs. Cela prouve que les consciences et les mentalités ont beaucoup évolué avec le temps, ce dont chacun devrait se réjouir. Mais cette évolution ne s’est pas faite d’elle-même ; elle s’est produite grâce à la détermination et l’action de quelques femmes (soutenues par trop peu d’hommes) qui ont lutté et luttent encore contre le patriarcat et le machisme ambiants, parfois au péril de leur vie. Certes, comme tout combat mené contre ce qui est profondément injuste, celui de ces femmes a connu et connaît encore des excès, notamment dans la forme. Mais malheureusement, c’est souvent là une nécessité pour attirer l’attention et se faire entendre.

S’il est légitime que les femmes veuillent être égales aux hommes en droits, et d’une manière générale dans tout ce qui a trait à la vie citoyenne, il me semble néanmoins qu’elles doivent veiller à ne pas chercher à leur ressembler ou à s’identifier à eux, non pas parce qu’ils sont dépourvus de dons, de talents et autres qualités, mais tout simplement parce qu’une femme n’est pas un homme et qu’un homme n’est pas une femme. La nature a fait d’eux des êtres complémentaires, et je pense qu’ils perdraient leur âme s’ils sacrifiaient cette complémentarité au nom d’une égalité excluant toutes différences. Il est vrai, comme Jung l’a enseigné, que toute femme a en elle une part de masculinité (l’animus) et tout homme une part de féminité (l’anima), mais cela ne veut pas dire pour autant qu’ils doivent se ressembler dans ce qu’ils font et dans ce qu’ils sont, au point de s’uniformiser.

Outre l’égalité homme/femme, on parle beaucoup de parité depuis quelque temps. En vertu de cette préoccupation sociétale relativement récente, les institutions, les sociétés, les entreprises, les associations, etc., sont censées faire en sorte qu’il y ait autant de femmes que d’hommes dans les instances dirigeantes. Compte tenu du déséquilibre évident qui persiste à ce niveau, sans parler des différences de salaire pour un même travail, on peut comprendre que la législation soit tentée d’intervenir. Mais dans l’absolu, la parité homme/femme, ou plutôt l’équilibre homme/femme, devrait se faire naturellement, sur le seul critère de la compétence. Il faudra encore des années, peut-être même des décennies, pour qu’il en soit ainsi, mais cela se fera. Et lorsque l’on se retournera sur le passé, on se demandera comment l’humanité a pu mettre autant de temps à respecter cet équilibre et à en faire une évidence.

À l’instar du machisme, la misogynie a malheureusement beaucoup d’adeptes. En plus de se croire supérieurs aux femmes, ils bafouent leur dignité. Autrement dit, ils ajoutent la méchanceté à la bêtise. S’il est difficile, pour ne pas dire impossible, d’amener les individus concernés à se libérer de leurs préjugés, voire de leurs blocages psychologiques, on doit éduquer les enfants dans le respect de la femme et, d’une manière générale, de la personne humaine. C’est donc aux parents, en particulier au père, de montrer l’exemple. Mais cela ne peut suffire ; il faut également que la société dans son ensemble s’interdise de porter atteinte à l’image de la femme, et ce, dans quelque domaine que ce soit. Inutile de dire que nous n’en sommes pas là, tant l’être humain est encore sous la domination de ses instincts les plus primaires, parfois même pervers. Mais là aussi, l’évolution des consciences et des mentalités accomplira son œuvre. Ce processus est déjà en cours, avec, notamment, les révélations publiques concernant les viols et autres agressions physiques subis en très grand nombre par les femmes, et ce, depuis toujours.

Comme chacun l’aura compris, je comprends le sentiment d’injustice que les femmes ont éprouvé au cours des décennies, des siècles et des millénaires passés, et qu’elles éprouvent encore face aux inégalités et aux brutalités dont elles sont toujours victimes. C’est pourquoi je me réjouis de les voir accéder à des fonctions et des responsabilités qui furent longtemps réservées aux hommes, et ce, en maints domaines : politique, économique, technologique, scientifique, industriel, médiatique, etc. Néanmoins, l’idéaliste et même l’utopiste que je suis ne peut que déplorer le comportement de celles qui, parmi elles, manifestent les travers les plus négatifs de certains de leurs homologues masculins : arrogance, autoritarisme, agressivité, duplicité, hypocrisie, etc. Certes, on ne peut exiger d’elles qu’elles soient parfaites (aucun homme ne l’est), mais espérer au moins qu’elles montrent un autre visage. Cela étant, je reste confiant et continue à penser que les femmes sauront rendre le monde meilleur et réussiront là où les hommes (dont je fais partie) ont plutôt échoué.

Au regard de la philosophie rosicrucienne, tout être humain vit sur Terre dans le but d’évoluer spirituellement et d’atteindre l’état de sagesse, c’est-à-dire pour conscientiser l’existence en lui d’une âme et en exprimer les vertus à travers son comportement : intégrité, humilité, générosité, bienveillance, non-violence, etc. Étant donné qu’un tel but ne peut pas être atteint en une seule vie, la plupart des Rosicruciens adhèrent au principe de la réincarnation. En application de ce principe, ou plutôt de cette loi, nous avons été et serons parfois un homme, parfois une femme, selon notre choix et ce qui, à un moment donné, nous est le plus utile pour parfaire notre évolution spirituelle. Si vous admettez cela, vous comprendrez que nous avons tous et toutes intérêt à œuvrer pour l’égalité homme / femme, l’un et l’autre étant les expressions com- plémentaires de cette entité qu’on appelle «être humain».

Louis-Claude de Saint-Martin, philosophe français du XVIIIe siècle, connu pour être à l’origine du Martinisme (mouvement philosophique ayant l’ésotérisme judéo-chrétien pour fondement), a prôné la nécessité de faire naître en nous le «nouvel homme», c’est-à-dire de naître à ce qu’il y a de meilleur en nous, pour ne pas dire à ce qu’il y a de plus divin. Dans son esprit, il entendait également, pour les femmes, «renaître à une nouvelle femme». (Il avait une grande affection pour sa mère, et c’est une femme, Charlotte de Boecklin, qui lui fit découvrir les œuvres de Jacob Boehme). En le paraphrasant quelque peu, je dirai qu’il devient urgent pour l’humanité actuelle de se ressaisir et d’accoucher d’une nouvelle humanité, fondée sur des valeurs qui ne doivent être ni exclusivement féminines ni exclusivement masculines, mais tout simplement humanistes. De mon point de vue, l’idéal serait qu’elles soient également empreintes de spiritualité, mais c’est là un autre sujet…

Voici donc les quelques réflexions que je souhaitais partager avec vous à travers cette lettre ouverte. J’ai bien conscience qu’elle ne contient aucune révélation particulière et qu’elle n’a rien d’original en elle-même. Il faut plutôt voir en elle un témoignage du respect que l’A.M.O.R.C. et ses dirigeants ont toujours manifesté à l’égard des femmes. Et sans aller jusqu’à dire que «la femme est l’avenir de l’homme», il me semble évident que l’homme n’a aucun avenir sans la femme.

Une fois n’étant pas coutume, je vous adresse mes pensées les plus sorornelles.

Cordialement,

Serge Toussaint

 

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Pour un autre monde

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Il y a environ quatre milliards et demi d’années, en périphérie de l’une des innombrables galaxies que compte l’univers, se forme un système solaire semblable à une infinité d’autres. Après une très longue période de refroidissement et de transformations en tous genres, l’une de ses planètes, la Terre, devient le théâtre d’un phénomène absolument extraordinaire : l’apparition de la vie.

Après être apparue dans les océans, la vie s’est propagée sur l’ensemble de notre planète et a donné naissance à des êtres de plus en plus élaborés, pour aboutir, il y a environ huit millions d’années, aux premiers hominidés. Dès lors, cet admirable processus qu’est l’évolution poursuivit son grand œuvre, jusqu’à enfanter l’humanité, ou plus précisément l’homo sapiens sapiens, c’est-à-dire «l’homme qui sait qu’il sait».

Les millénaires et les siècles se sont succédé, et avec eux les civilisations, les peuples et les nations. Mais en ce début de XXIe siècle, l’humanité, plus mondialisée que jamais dans son histoire, est dans l’impasse : guerres, famines, épidémies, catastrophes écologiques, crise économique et sociale ; autant de maux qui affectent le monde et font craindre le pire pour son avenir.

Pourquoi l’humanité en est-elle arrivée là ? Parce qu’elle s’est considérablement éloignée de la nature, est devenue beaucoup trop individualiste, et s’est donnée une orientation de plus en plus matérialiste. Ce faisant, elle s’est coupée des énergies auxquelles elle doit la vie, a affaibli son égrégore, et s’est mise en opposition avec les lois qui régissent sa destinée. C’est ce qui explique en grande partie la crise généralisée à laquelle elle est confrontée.

Mais cette période troublée porte en elle l’espoir et la possibilité d’une transformation positive de la société, car l’être humain est capable de se transcender pour exprimer le meilleur de lui- même dans l’intérêt de tous. Cela veut dire également que chacun de nous, et donc vous- même, peut s’épanouir sur tous les plans et être heureux malgré les aléas de la vie. Il suffit pour cela de nous éveiller individuellement et collectivement à de nouvelles valeurs.

Quelle que soit notre religion si nous en suivons une, quelles que soient nos idées politiques, quelle que soit notre nationalité, en un mot quelles que soient nos différences, unissons nos cœurs, nos esprits et nos âmes, et créons ensemble un autre monde, un monde nouveau. Comme les Rosicruciens, faisons de l’humanisme, de l’écologie et de la spiritualité les fondements de nos comportements, afin que l’humanité se régénère sur tous les plans et accède au bonheur…


Durée : 04 min 44

Réalisateur : Etienne Mahé

Texte : Serge Toussaint

Voix : Benoît Allemane

Musqiue : Jane Winther

Crédit image : Getty Images, pond5, clipanvas, shutterstock

Productions : sphère communication

Lettre ouverte aux élites

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« Le véritable progrès démocratique n’est
pas d’abaisser l’élite au niveau de la
foule, mais d’élever la foule vers l’élite. »

Georges Elgozy (1909-1989)

de Serge Toussaint, Grand Maître de l’Ancien et Mystique Ordre de la Rose-Croix

Depuis quelque temps, dans quasiment tous les pays du monde, les élites font l’objet de beaucoup de critiques et sont rendues responsables de nombre de problèmes et de difficultés auxquels les « gens du peuple », au sens noble de cette expression, sont confrontés au quotidien. Lors d’une conférence, j’ai moi-même été apostrophé sous prétexte que le Grand Maître de l’Ordre de la Rose-Croix que je suis ferait partie de ces élites, d’où l’idée d’écrire une « Lettre ouverte aux élites » et de me l’adresser tout autant qu’à celles et ceux qui en font ou non partie. Son but n’est en aucun cas de polémiquer, mais de susciter la réflexion des uns et des autres. En outre, elle n’a aucune visée politique ou idéologique.

Tout d’abord, que faut-il entendre par « élite » ? D’une manière générale, ce terme est défini dans les livres ou les sites de référence comme l’« ensemble des personnes les plus remarquables d’un groupe ou d’une communauté ; personnes qui, par leur valeur, occupent le premier rang dans certains secteurs d’activité ; groupe minoritaire de personnes ayant, dans une société, une place éminente due à certaines qualités valorisées socialement : élite intellectuelle, élite politique, élite économique, élite médiatique, élite scientifique, élite culturelle… ». Ce qui transparaît à travers ces définitions générales, c’est d’une part que les élites regroupent un nombre très limité d’individus comparé à l’ensemble de la population, et d’autre part qu’elles disposent a priori d’un certain pouvoir d’influence. Toujours est-il qu’elles sont de moins en moins bien perçues et qu’elles suscitent de plus en plus la suspicion. Faut-il s’en réjouir ? Je ne le pense pas.

Parmi les personnes qui critiquent les élites et en appellent à leur disparition, on trouve notamment les partisans de l’égalitarisme, doctrine politique qui prône l’égalité absolue entre tous les individus, notamment sur le plan social. En vertu de ce principe, pour ne pas dire de ce dogme, ils considèrent que « tout le monde doit être l’égal de tout le monde ». Si je respecte ce point de vue, je pense qu’il n’est ni souhaitable ni possible de faire en sorte que tous les êtres humains soient égaux en tous domaines, ne serait-ce que parce que tous ne naissent pas dans le même pays, n’évoluent pas dans le même milieu, ne reçoivent pas la même éducation, n’héritent pas du même patrimoine génétique, ne disposent pas du même potentiel intellectuel, n’ont pas la même personnalité… Cela dit, tout devrait être fait pour qu’ils soient égaux en droits et bénéficient des mêmes chances pour réussir sur les plans scolaire et professionnel, sachant néanmoins que l’« égalité des chances » ne va pas nécessairement de pair avec l’« égalité des résultats ». Naturellement, je sais qu’il existe ce que l’on appelle communément des « inégalités sociales », mais c’est là un autre sujet.

Les faits ont prouvé que l’égalitarisme, en tant que principe idéologique, n’est possible que si on institutionnalise le “nivellement par le bas”. Pour prendre un exemple précis, c’est ce qui a été fait en France dans l’Éducation nationale, mais aussi dans d’autres pays. Ayant été enseignant dans les années 70-80, j’ai vécu avec beaucoup de regret la quasi suppression des matières fondamentales (orthographe, calcul, histoire et géographie), l’appauvrissement des programmes, la mise en œuvre de méthodes aléatoires (lecture “globale”, activités d’“éveil”…), l’interdiction de mettre des notes, sans parler de l’abrogation de la « leçon de morale ». Effectivement, les différences entre les élèves se sont estompées en apparence, leur donnant, ainsi qu’à leurs parents, l’illusion d’avoir tous le même niveau. Mais tôt ou tard la réalité se fait jour, et l’on est amené à constater que les enfants et les adolescents n’ont pas tous les mêmes aptitudes intellectuelles, ce qui n’est pas un problème en soi, car de brillantes études ne sont un gage, ni de réussite sociale, ni d’épanouissement intérieur, ni de bonheur.

Ceux et celles que l’on classe dans les élites sont généralement des personnes qui, effectivement, ont réussi sur le plan scolaire. Mais est-ce un crime d’être né avec des dispositions intellectuelles, d’avoir travaillé dur pour obtenir des diplômes, et d’exercer une profession qui n’est pas accessible à tous et qui, le cas échéant, confère un certain statut et un certain pouvoir d’influence ? Si oui, il faut encourager les enfants à ne faire aucun effort à l’école, à n’avoir aucune ambition sur le plan professionnel, et à refuser tout métier, poste ou fonction nécessitant d’assumer des responsabilités et de prendre des décisions. Le simple bon sens devrait suffire à comprendre que cela serait contraire à l’intérêt, non seulement de l’individu, mais également de la société. L’édifice social s’effondrerait et ferait place à une plateforme qui, certes, mettrait tous les citoyens sur un même pied d’égalité, mais les priverait conjointement d’élévation individuelle et collective.

Vous aurez noté également que les élites ne sont pas toutes jugées de la même manière. C’est ainsi que l’on s’offusque qu’un dirigeant de petite ou moyenne entreprise perçoive un salaire mensuel de quelques milliers d’euros, mais on se fait à l’idée qu’un footballeur en gagne des centaines de milliers chaque mois. Pourtant, il me semble que le premier a beaucoup plus de responsabilités et de soucis que le second, ce qui ne veut pas dire que ce dernier n’a pas de mérite. En effet, accéder à un tel niveau de compétition exige efforts et qualités multiples, ce qui explique que très peu y parviennent. Ces deux exemples marquants montrent que la perception que l’on a des élites est conditionnée notamment par notre sens des valeurs, nos centres d’intérêt et nos convictions politiques, voire idéologiques, si nous en avons. Elle est donc arbitraire et n’est pas exempte de préjugé.

Une autre tendance accompagne le rejet des élites : le refus de toute hiérarchie. Durant des siècles, et même des millénaires, la société a été hiérarchisée, c’est-à-dire structurée de telle manière que les citoyens soient subordonnés les uns aux autres à travers des échelons correspondant à un degré de pouvoir, de compétence, de responsabilité, de dignité…, depuis la base jusqu’au sommet de la « pyramide sociale », expression qui ne me choque pas, mais à laquelle on donne un sens de plus en plus péjoratif, voire négatif. Au cours des dernières décennies, cette structure pyramidale (verticale) a été mise à mal dans quasiment tous les domaines, notamment dans le milieu de l’entreprise. De nos jours, peu de personnes sont enclines à admettre la légitimité d’un “supérieur” hiérarchique et à lui témoigner du respect, encore moins à lui obéir. On retrouve là ce principe (horizontal) que j’ai évoqué précédemment, à savoir : « tout le monde doit être l’égal de tout le monde ».

De mon point de vue, vouloir faire disparaître tout rapport hiérarchique, dans quelque domaine que ce soit, est une erreur. Les philosophes de l’Antiquité préconisaient de s’inspirer de la nature pour définir ce qu’il est bien de faire pour vivre harmonieusement en société. Or, il suffit de l’observer pour voir que la hiérarchie est depuis toujours l’une de ses lois fondamentales. C’est ainsi qu’à l’état sauvage, de nombreuses espèces animales, notamment chez les animaux dits « sociaux », évoluent à travers des groupes très hiérarchisés : fourmis, abeilles, oies, chevaux, dauphins, baleines, loups, éléphants, coatis, tamarins, suricates, lémuriens, singes… De même, bien que le règne humain soit constitué d’individus ayant une conscience, un mode de pensée, une personnalité, un tempérament… qui leur sont propres, cela ne veut pas dire qu’ils ont tous les mêmes dons, les mêmes aptitudes, les mêmes compétences, les mêmes connaissances, la même maturité… Dès lors que l’on admet ces différences, on ne peut être choqué a priori par la notion de hiérarchie. À ce propos, je citerai Alexis Rosenbaum, professeur de philosophie des sciences : « La hiérarchie ne crée pas l’inégalité, mais apprend à vivre ensemble. »

Peut-être êtes-vous en train de vous dire que je “prêche pour ma paroisse” et que si je prône l’idée selon laquelle la hiérarchie est une nécessité dans l’organisation de la société, c’est parce que j’occupe la fonction de Grand Maître et que je défends cette position hiérarchique ? En mon âme et conscience, je sais que ce n’est pas le cas, et ceux qui me connaissent et me côtoient pourraient vous le confirmer. Ayant été élu presque malgré moi à cette fonction, je n’en tire aucune fierté, aucune gloire, aucune vanité. J’essaie tout simplement de l’assumer au mieux et de la rendre utile à l’Ordre de la Rose-Croix et à ses membres. De toute évidence, le jour viendra où un autre Grand Maître (homme ou femme) me remplacera ; je serai alors heureux de lui passer le flambeau et de reprendre ma place parmi les Rosicruciens et les Rosicruciennes de base, étant entendu que l’expression « de base » n’a pour moi rien de péjoratif. Que serait la pyramide de Chéops sans les fondements qui lui donnent son assise ?

Une remarque s’impose néanmoins : si la hiérarchie me semble nécessaire dans nombre de structures publiques comme privées, elle n’est vraiment utile et efficace que si elle s’appuie sur la compétence et n’est ni usurpée, ni injuste, ni coercitive. Il faut également qu’elle soit fondée sur le respect mutuel, la confiance réciproque et l’échange. Cela suppose à la fois une ouverture d’esprit et un esprit d’ouverture chez ceux et celles qui la constituent, depuis la base jusqu’au sommet, et inversement. Par ailleurs, toute organisation ou tout système hiérarchisé doit avoir pour but de servir l’intérêt général et non l’intérêt particulier. Or, on peut être tenté, à quelque niveau que ce soit, de se servir de sa fonction, de sa situation, de son poste, en un mot de son pouvoir (même s’il est limité), non seulement pour exercer sur les autres une pression autoritaire pouvant aller jusqu’au harcèlement, mais également pour s’octroyer des privilèges ou des avantages. Comme chacun sait, une telle tentation fait partie des faiblesses humaines et constitue une mise à l’épreuve de l’importance que chacun, face à sa conscience, accorde à l’éthique.

Généralement, les élites occupent les niveaux les plus élevés de toute structure hiérarchique. Aux yeux de beaucoup, elles ont donc le tort, d’une part de faire partie de l’élite, et d’autre part de se situer en haut de la hiérarchie. Théorie du complot oblige, on les accuse également d’utiliser leur position à des fins personnelles ou pour alimenter des réseaux d’influence. Il est vrai que certaines personnes occupant des postes de pouvoir le font, mais penser et dire que c’est le propre de toutes les élites me semble très excessif. En outre, et à des degrés divers, il existe aussi des réseaux chez les paysans, les commerçants, les ouvriers, les employés…, et même dans les syndicats. S’il en est ainsi, c’est parce qu’il est dans la nature humaine de tisser des liens pour défendre des intérêts communs ou servir une même cause. Si ces intérêts ou cette cause ne portent atteinte ni à la société, ni à ceux et celles qui ne les partagent pas, il n’y a aucune raison de s’en offusquer. Là encore, cela pose tout le problème de l’éthique, laquelle est malheureusement trop souvent négligée ou bafouée à tous les niveaux de la société, ce qui explique l’état chaotique du monde actuel.

Précisément, qu’est-ce que l’éthique ? D’une manière générale, c’est l’attitude qui consiste à exprimer le meilleur de nous-mêmes dans nos relations avec autrui. Socrate, considéré comme le « Père de la morale », mais aussi Pythagore, connu pour avoir été le plus grand législateur de son époque, en avaient fait la base de leur enseignement. Ils voyaient en elle le fondement du progrès humain et la voie à suivre pour que l’humanité ne disparaisse pas sous l’effet de ses faiblesses et de ses instincts les plus destructeurs. Comme en témoigne leur vie, ils ne se contentèrent pas d’en parler ; ils en appliquèrent les préceptes dans leur vie quotidienne. À ce titre, ils donnèrent l’exemple de ce que devrait être tout philosophe, à savoir, littéralement, un « amoureux de la sagesse ». Vue sous cet angle, la philosophie est indissociable de l’éthique. Or, de nos jours, beaucoup, parmi ceux que l’on désigne sous le nom de « philosophes », sont plutôt des “intellectuels” qui , malgré leur culture, voire leur érudition, ne donnent pas vraiment le sentiment d’être animés par le sens de l’éthique.

Socrate, auquel je me suis référé précédemment, définissait l’éthique comme étant l’expression des vertus inhérentes à l’âme humaine, dans ce qu’elle a de plus divin. En application de cette définition, il encourageait ses contemporains à cultiver l’humilité, l’intégrité, l’honnêteté, la bienveillance, la tolérance… À cela, Pythagore ajoutait la nécessité pour chacun de mener une vie aussi équilibrée que possible entre les droits et les devoirs. Déjà à son époque, il mettait en garde contre le danger qu’il y avait à privilégier les premiers au détriment des seconds, prélude, selon lui, à l’émergence de l’anarchie, laquelle, disait-il, faisait, « le lit d’une dictature à venir ». Vous aurez noté que l’un et l’autre étaient spiritualistes ; pour être plus précis, ils admettaient l’existence de Dieu, au sens philosophique et mystique du terme. Autrement dit, ils ne voyaient pas en Lui un Être suprême de nature anthropomorphique, comme c’était et c’est encore le cas des religions, mais comme une « Intelligence ordonnatrice » œuvrant dans toute la Création, la nature et l’homme y compris, au moyen de lois naturelles, universelles et spirituelles. C’est d’ailleurs cette conception qu’en ont les Rosicruciens.

Mais peut-être n’êtes-vous pas spiritualiste ? Dans ce cas, je présume que vous êtes au moins humaniste, autrement dit que vous avez foi en l’homme et en sa capacité d’exprimer le meilleur de lui-même dans l’intérêt de tous. Vous conviendrez alors que si tous les êtres humains faisaient ne serait-ce que l’effort de se montrer honnêtes, intègres, bienveillants, tolérants, humbles…, le monde s’en trouverait radicalement transformé et offrirait de belles perspectives d’avenir. A priori, c’est là une utopie. Pourtant, chaque jour, des personnes de toute origine, culture, nationalité, religion… font preuve d’honnêteté, d’intégrité, de bienveillance, de tolérance, d’humilité… Si nous voulons que de tels comportements se généralisent, il faut mettre en place une « culture de l’éthique » à l’échelle mondiale. Je conçois qu’un tel projet soit difficile à réaliser, mais il n’y a pas d’alternative si nous voulons que l’espèce humaine survive et évolue positivement. Cette idée n’est pas nouvelle, car nombre de (vrais) philosophes du passé l’ont promulguée. Pour des raisons qui me semblent évidentes, cette culture devrait être enseignée dès le plus jeune âge et faire partie intégrante de l’éducation.

Posez-vous maintenant cette question : si les élites, en tous domaines (politique, économie, industrie, médias, science, philosophie, culture, enseignement, sport…), faisaient preuve d’éthique dans leurs activités et leur comportement, seraient-elles autant rejetées ? Assurément non. Exception faite des partisans de l’égalitarisme et des opposants à toute hiérarchie, la majorité des gens les apprécieraient, leur feraient confiance et accepteraient de bon gré qu’elles jouent un rôle majeur dans la société. Dans l’absolu, ce n’est donc pas l’existence des élites qui pose problème, mais la manière dont elles se comportent et, par extension, ce qu’elles font du pouvoir qui leur est octroyé ou de l’influence qu’elles exercent. Vouloir leur disparition est une erreur de jugement qui mènerait à l’impasse, car, comme je l’ai rappelé précédemment, elles ont leur place dans la pyramide sociale. Ce qu’il faut souhaiter, c’est qu’elles soient aussi exemplaires que possible dans leur manière de se comporter. Et fort heureusement, nombre d’entre elles le sont et font honneur à leur statut. Je n’en nommerai pas, mais chacun, à moins d’être d’une mauvaise foi extrême, en connaît dans l’espace privé comme public.

Est-ce à dire que seules les élites doivent s’évertuer à être exemplaires et à accorder de l’importance à l’éthique ? Non. Tout citoyen a le devoir de le faire également. Or, force est de constater que ce n’est pas le cas ; loin s’en faut. Nombre de personnes manquent d’éducation, font preuve de malhonnêteté, d’égoïsme, de malveillance, d’hypocrisie, de violence…, et se rendent chaque jour coupables de ce qu’elles reprochent aux élites. Ce qui diffère entre les uns et les autres, ce sont les conséquences de leurs agissements. À titre d’exemples, si un directeur d’entreprise est malhonnête et malveillant, c’est l’ensemble des employés qui risque d’en subir les préjudices. Si un journaliste mal intentionné donne de fausses informations ou se fourvoie dans des allégations douteuses, il induit en erreur un très grand nombre de personnes. En revanche, si un « citoyen de base » se livre aux mêmes méfaits, leur impact négatif sur les autres en sera nécessairement plus limité. Pour autant, sa manière d’agir sera tout aussi grave sur le plan de l’éthique, et le karma qui en résultera pour lui sera en proportion tout aussi difficile à vivre et à assumer.

Puisque je viens de me référer au karma, il me semble utile de rappeler que cette loi s’applique dans la vie de chacun, y compris dans l’existence de ceux qui n’y croient pas. Elle est fondée sur le fait que chacun récolte tôt ou tard ce qu’il a semé, en positif comme en négatif. Tous les sages du passé l’ont enseignée sous une forme ou sous une autre et ont engagé leurs contemporains à agir en conséquence. Les « gens du peuple » comme les élites y sont soumis. J’ajouterai qu’en raison de l’emballement du rythme de la vie, ses “délais d’application” sont de plus en plus rapides. Pour s’en convaincre, il suffit de constater combien tout se sait de plus en plus vite, notamment à propos des agissements qui portent atteinte à l’individu et à la société. Ceci n’est pas dû uniquement aux moyens modernes d’investigation, d’information et de communication ; c’est l’œuvre aussi d’un processus karmique destiné à accélérer la prise de conscience de ce qui est fondamentalement bien et fondamentalement mauvais dans le comportement humain. Il y a en effet urgence à faire les bons choix, tant sur un plan individuel que collectif.

De toute évidence, le monde va mal, et notre planète est menacée en tant que cadre de vie pour l’humanité. Que nous fassions partie ou non des élites, nos destins sont liés, et nous aspirons tous au bonheur. Est-il si difficile de comprendre que c’est dans l’éthique et ce qui en résulte de positif dans le comportement humain (respect mutuel, solidarité, équité…), que réside ce que l’on a coutume d’appeler le « vivre ensemble », expression qui veut néanmoins tout dire et ne rien dire. En effet, vivre ensemble ne suffit pas ; c’est ce que nous faisons chaque jour, bon gré mal gré, avec les membres de notre famille, nos voisins, nos amis, nos connaissances, nos collègues de travail, les inconnus que nous croisons dans la rue. Ce qu’il faut, c’est vivre bien ensemble, c’est-à-dire en harmonie les uns avec les autres, et avec la nature. C’est donc « faire aux autres ce que l’on aimerait qu’ils nous fassent » et prendre soin de la Terre, Mère de tous les êtres vivants qui la peuplent. C’est aussi penser aux générations futures et faire en sorte qu’elles héritent d’un monde où il fera bon vivre pour tous et chacun, que l’on fasse ou non partie des élites, car je pense et j’espère qu’il y en aura encore…

Vous et moi, et d’une manière générale toute personne de bonne volonté, pouvons devenir des élites sur le plan éthique. Pour cela, nul besoin d’être un leader politique, un expert en économie, un dirigeant d’entreprise, un scientifique de renom, un philosophe reconnu, un journaliste en vue, un enseignant charismatique, un chanteur célèbre, un sportif accompli…, mais de nous évertuer à devenir des êtres humains aussi dignes et respectables que possible. Naturellement, l’un n’empêche pas l’autre, bien au contraire. Comme je l’ai suggéré précédemment, l’idéal serait que les personnes considérées comme des élites s’emploient à donner l’exemple en la matière. Nul doute alors qu’elles seraient respectées, non seulement parce qu’elles auraient un comportement exemplaire, mais également parce qu’elles contribueraient à rendre le monde meilleur. Tel est le vœu que je formule en conclusion de cette lettre ouverte. Et si vous pensez qu’elle mérite d’être partagée, je vous invite à le faire, non sans vous évertuer vous-même à éveiller l’élite qui est en vous, ce que j’essaie moi-même de faire au quotidien…

Avec mes pensées les plus fraternelles.

Serge Toussaint

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Lettre ouverte à ceux et celles qui recherchent la connaissance

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« La plus grande erreur de toutes
consiste à se méprendre sur le but
véritable de la connaissance…Peu
sont poussés vers elle pour se servir
du don divin de la raison
dans l’intérêt de l’humanité. »

Francis Bacon (1561-1626)

de Serge Toussaint, Grand Maître de l’Ancien et Mystique Ordre de la Rose-Croix

Un adage rosicrucien énonce que « c’est de l’ignorance, et de l’ignorance seulement, dont l’homme doit se libérer ». En effet, c’est l’ignorance qui est à l’origine de ce qu’il y a de plus négatif dans le comportement humain et de tout ce qui en résulte en termes d’épreuves et de souffrances. Cela veut dire que le bien-être et le bonheur auxquels nous aspirons résident dans la connaissance. Si vous lisez cette lettre ouverte, c’est probablement parce que ce mot même de « connaissance » a une résonance en vous. Aussi, je vous propose d’en faire le support d’une réflexion partagée et, je l’espère, utile à chacun.

Avant de voir ce qu’il en est de la connaissance, il me semble intéressant de nous arrêter sur la notion de croyance. Qu’est-ce que la croyance ? D’une manière générale, c’est l’attitude mentale qui consiste à entretenir des idées que l’on s’est forgées ou que l’on nous a transmises, et qui constituent pour nous des vérités. Tous les êtres humains ont des croyances. Si vous y réfléchissez, vous constaterez effectivement que vous croyez en certaines choses, que ce soit dans le domaine de la religion, de la politique, de l’économie, de l’art, de la morale ou autres. Dans nombre de cas, vous conviendrez également que ces croyances s’apparentent pour vous à des certitudes, en ce sens que vous êtes convaincus qu’elles sont vraies, autrement dit, qu’elles sont fondées.

Est-il normal d’avoir des croyances ? Oui. Faut-il s’employer à y mettre fin ? Non. L’être humain, en raison même de ses facultés mentales, je pense notamment à la mémoire, au raisonnement et à l’imagination, est enclin à réfléchir. C’est même un besoin vital pour lui. En fait, c’est ce besoin qui l’incite depuis toujours à s’interroger sur lui-même et sur le sens de l’existence. De siècle en siècle et de millénaire en millénaire, cette curiosité intellectuelle l’a conduit à élaborer de nombreuses croyances, lesquelles ont donné naissance à des systèmes de pensée aussi divers que variés. En un mot, elles ont forgé ce que l’on désigne couramment sous le nom de « culture », dont les applications sont elles-mêmes très nombreuses. On parle en effet de culture religieuse, politique, économique, sociale, etc., mais également de culture occidentale, orientale, européenne, africaine, américaine, etc.

Ce qui pose problème à propos des croyances que nous entretenons, ce n’est donc pas leur existence en tant que telle, mais leur nature. Ainsi, comme vous le savez, il existe ce que l’on appelle les « fausses croyances ». Comme leur nom l’indique, elles correspondent à des idées fausses, et ce, dans de nombreux domaines. L’histoire de l’humanité en est jalonnée. Pour prendre quelques exemples marquants, rappelez-vous qu’on a longtemps cru que la Terre était plate et qu’elle occupait le centre de l’univers, que le sang était figé dans le corps humain et ne se renouvelait pas, que les animaux étaient dénués d’intelligence et de sensibilité, etc. Depuis, nous savons que ces croyances, que l’on tenait pour vraies et auxquelles la majorité des gens adhéraient, étaient fausses. Mais combien de fausses croyances sont-elles encore considérées de nos jours comme vraies ? Des centaines ? Des milliers ? Je vous laisse le soin de répondre à cette question.

Au regard des explications précédentes, vous comprendrez que la difficulté, pour tout être humain, est de distinguer une croyance fausse d’une croyance vraie et, par extension, de discerner l’erreur de la vérité. C’est là une entreprise très difficile, car nous ne sommes ni parfaits, ni omniscients. De ce fait, ce que nous croyons être vrai à un moment donné de notre vie peut être faux. En fait, nous avons tous évolué dans nos idées et nos certitudes, et ce, dans des domaines divers. Pour vous en convaincre, songez quelques instants aux croyances religieuses, aux opinions politiques et autres convictions qui étaient jadis les vôtres. Nul doute qu’elles ont changé avec le temps, les unes peu, les autres beaucoup. Pour certaines, ce changement a même peut-être été radical, et il ne fait aucun doute qu’elles évolueront encore.

Comme chacun sait, c’est dans le domaine des religions que la notion de croyance est la plus essentielle. Si tel est le cas, c’est parce qu’elles sont fondées sur la foi, dont on dit parfois qu’elle est aveugle. C’est ainsi que l’on parle de la foi juive, chrétienne, musulmane, bouddhiste, etc. Par extension, il est demandé à un Juif d’adhérer à l’Ancien Testament, à  un Chrétien au Nouveau Testament, à un Musulman au Coran, à un Bouddhiste au Tripitaka, etc., ainsi qu’aux croyances qui s’y rapportent. Pour justifier cette demande expresse, on laisse entendre aux fidèles que chacun de ces Livres, considérés comme sacrés, est l’expression même de la Parole divine. De même, on leur demande de croire sans réserve aux enseignements qui en découlent, tant sur le plan doctrinal que moral.

Malgré le respect que j’éprouve à l’égard de ce qu’il y a de plus positif dans les religions, il me semble évident qu’aucun Livre sacré n’est l’expression de la Parole de Dieu. Le croire, comme le font des millions de fidèles à travers le monde, revient à penser qu’Il s’apparente à un Surhomme et que c’est Lui qui, de Sa propre main, a écrit la Bible, le Coran, etc. Assurément, c’est là une conception particulièrement anthropomorphique de Dieu. En outre, chacun devrait s’étonner que les explications données sur des points de doctrine et de morale varient autant d’un Livre à l’autre, au point parfois de se contredire. En réalité, tous ont été rédigés par des êtres humains, lesquels, aussi inspirés et sincères qu’ils aient pu être, n’étaient pas parfaits. De ce fait, ce qu’ils rapportèrent au sujet des événements dont ils furent témoins ou des révélations qu’ils reçurent, fut également imparfait.

En dernière analyse, je pense que nombre de croyances véhiculées par les religions, tout du moins dans leur approche exotérique, sont erronées. Par ailleurs, les consciences et  les mentalités ont beaucoup évolué au cours des siècles, de sorte que ces mêmes croyances  ne répondent plus vraiment aux questions que les hommes et les femmes de notre époque, notamment chez les jeunes, se posent sur le pourquoi et le comment de l’existence : création du monde en six jours, Adam et Ève comme couple originel de l’humanité, enfer et paradis en tant que destination post mortem, résurrection de la chair à la fin des temps, châtiment divin pour tout pêché commis, existence du diable, etc. Certes, la foi de tout croyant est respectable en elle-même, mais elle n’est pas un gage de vérité.

S’il ne fait pour moi aucun doute que nombre de croyances véhiculées par les religions sont fausses et n’ont aucun fondement ontologique, le fait d’y adhérer n’a en soi aucune conséquence négative pour soi-même ou pour la société. Disons simplement que ceux et celles qui les partagent se maintiennent dans l’ignorance de ce qu’il en est vraiment et se ferment à une forme plus élevée de spiritualité, ce que personnellement je regrette. Il y a également le risque, pour certains fidèles particulièrement obtus et activistes, de céder à l’intégrisme et au fanatisme. Malheureusement, comme l’histoire l’a montré et le montre encore, aucune religion n’est à l’abri de ce genre de dérive. Je n’insisterai pas sur ce point, car il doit vous sembler évident.

Il y a un domaine où les fausses croyances ont des conséquences dramatiques, à savoir la superstition : croire que certains objets portent bonheur ou malheur, croire que tel sorcier a le pouvoir d’envoûter ou de désenvoûter, croire que les ailerons de requins ou que la bile des ours ont des vertus aphrodisiaques, croire que l’on peut obtenir les faveurs de Dieu en sacrifiant tel animal, croire qu’il est possible de connaître son avenir au moyen de pratiques dites divinatoires, croire que le diable existe et qu’il peut prendre possession des corps et des âmes, et que sais-je encore, sont autant de superstitions qui avilissent ceux et celles qui voient en elles des vérités. Pire encore, elles les conduisent à se nuire à eux-mêmes et aux autres, à massacrer des animaux pourtant utiles, à porter atteinte à la nature, et à bafouer l’idée que tout être humain devrait se faire de Dieu. En cela, les croyances superstitieuses constituent probablement le poison le plus nocif que l’humanité en est venue à sécréter d’elle-même.

La question que l’on peut se poser est de savoir comment mettre fin aux fausses croyances, qu’elles soient de nature religieuse, superstitieuse ou autres. Il n’y a pas de “solution miracle” pour y parvenir, mais je pense que le meilleur moyen de s’en délivrer est de faire appel à la raison. Cela ne veut pas dire que cette faculté est infaillible et qu’elle mène systématiquement à la vérité, mais, dans nombre de cas, elle suffit à révéler nos erreurs de jugement et de comportement. Utilisée au mieux, elle permet de se forger des croyances empreintes de vérité, et ce, dans tous les domaines de la pensée et de l’activité humaine. En cela, la raison et, par extension, le raisonnement, sont indispensables pour accéder à la connaissance et, par là même, se libérer de l’ignorance et de toutes formes de superstitions.

Précisément, qu’est-ce que la connaissance ? D’une manière générale, elle est l’ensemble des savoirs et des savoir-faire que les êtres humains ont acquis par l’observation et l’étude. Elle concerne donc de nombreux domaines : science, technologie, psychologie, histoire, géographie, littérature, et tant d’autres. En fait, il en existe une infinité, tant le désir d’apprendre et de comprendre est grand chez l’être humain. Comme je l’ai dit précédemment, il n’a cessé, depuis qu’il est apparu sur Terre, de s’interroger sur les mystères de l’univers, de la nature et de sa propre existence. Cette interrogation a donné naissance, certes à des croyances, mais également à des connaissances diverses et variées. À ce jour, elles se comptent par milliers et sont autant d’étoiles dans les cieux de la connaissance en général.

Existe-t-il de fausses connaissances ? Je pense que non, en ce sens que toute connaissance erronée est en fait une fausse croyance. En revanche, toute connaissance peut être utilisée à des fins négatives ou positives, constructives ou destructrices. À titre d’exemple, un avion, avec tout ce qu’il a nécessité d’études et de recherches pour être capable de voler, permet de transporter des passagers d’un pays à l’autre, ou de larguer des bombes sur des populations civiles. Dans un tout autre domaine, bien connaître les lois civiles permet à certaines personnes peu scrupuleuses de les contourner à leur avantage, souvent au détriment des autres et de la société. La connaissance, en tant que somme de savoirs et de savoir-faire, n’est donc pas un critère de sagesse, car elle permet, certes de faire le bien, mais également de faire le mal.

Tout comme on a tendance à associer croyance et religion, la connaissance est souvent mise en relation avec la science. Il est un fait que les scientifiques pourraient avoir pour devise : « Connaître et non croire ». Quoi qu’il en soit, leur démarche est fondée sur la volonté de comprendre ce qu’ils étudient, et si possible d’en dégager des lois, des principes, des théorèmes et autres axiomes. Pour cela, ils s’appuient sur des méthodes qui, selon les domaines concernés, font appel à des phases spécifiques : observation, abstraction, extrapolation, analyse, synthèse, induction, déduction, expérimentation, modélisation, etc. J’ajouterai qu’ils procèdent généralement du connu vers l’inconnu, du tangible vers l’intangible, du visible vers l’invisible, ce qui est une manière d’admettre implicitement que « tout ce qui est en bas est comme ce qui est en haut », comme l’énonce la célèbre « Table d’Émeraude ».

De toute évidence, l’apport de la science à la connaissance est inestimable. Sans elle, l’humanité en serait encore à un mode de vie primitif et se débattrait toujours dans des croyances plus fausses les unes que les autres. Cela étant, elle n’est pas parfaite pour autant et ne détient pas la vérité. Par ailleurs, elle a deux faiblesses majeures. En premier lieu, elle ne s’intéresse quasiment qu’au « comment » des choses et néglige le « pourquoi ». En second lieu, elle privilégie la raison au détriment de l’intuition. Ce faisant, elle se donne une orientation plutôt matérialiste, ce qui explique en partie l’état actuel de la société. Cela étant, on assiste depuis quelque temps à l’émergence de scientifiques qui adoptent une démarche plutôt spiritualiste, certains n’hésitant pas à envisager, sinon l’existence de Dieu, du moins celle d’une Intelligence cosmique à l’œuvre dans l’univers. Nous ne pouvons que nous en réjouir, car science et spiritualité ont tout intérêt à faire cause commune au service de la connaissance.

Mais il existe une forme de connaissance plus élevée que celle que l’on associe à la science. Il s’agit de la Connaissance, avec un C majuscule. Dans l’absolu, elle désigne la compréhension des lois divines, au sens de lois naturelles, universelles et spirituelles. Cela suppose d’étudier ces lois, ce que font les Rosicruciens à travers l’enseignement qui leur est transmis. Étant donné que l’accès à cette Connaissance s’inscrit dans une quête mystique, elle ne peut être que positive et contribuer à notre bien-être. Par ailleurs, elle ne s’adresse pas au mental, mais à notre conscience animique. Elle n’est donc pas destinée à nourrir l’intellect, lequel disparaît au moment de la mort, mais à devenir une partie intégrante de notre âme, laquelle est immortelle et conserve la mémoire de ce qui est utile à notre évolution spirituelle, et ce, d’incarnation en incarnation.

Comme vous le savez peut-être, il existe une étymologie ésotérique du mot « connaître », qui consiste à dire qu’il proviendrait de la combinaison des mots « co », qui veut dire « avec », et « noscere », qui signifie « naître ». En vertu de cette étymologie, « connaître » voudrait dire « naître avec ». Par extension, cette étymologie laisse supposer que tout être humain vient au monde « avec la connaissance en lui ». C’est précisément ce que Platon affirmait à son époque. Il pensait en effet que l’âme qui nous anime intègre tout ce que nous devons connaître pour vivre heureux ici-bas et comprendre les mystères de l’univers, de la nature et de l’existence elle-même. Convaincu de cela, il partait du principe que notre mission sur Terre consiste davantage à nous éveiller à ce que nous savons déjà au plus profond de nous- mêmes, qu’à apprendre ce que nous ignorons encore dans tel ou tel domaine.

Les remarques précédentes me conduisent maintenant à évoquer l’un des aspects les plus importants de la Connaissance, celui-là même qui fit l’objet d’un adage gravé sur le Temple d’Apollon, à Delphes : « Connais-toi toi-même ». Mais que veut dire « se connaître soi-même » ? C’est savoir qui l’on est en tant que personne. Cela suppose de le vouloir. Or, nombre d’individus n’ont pas cette volonté, soit parce qu’ils n’en voient pas l’intérêt, soit parce qu’ils craignent ce face à face avec eux-mêmes. Il est vrai qu’il faut un certain courage pour se voir tel que nous sommes sur l’écran de notre conscience, d’autant plus que le reflet qui s’impose alors à nous est sans concession. Autrement dit, il laisse apparaître, certes les beaux aspects de notre personnalité, mais également ceux qui ne nous sont pas favorables a priori. Pourtant, il n’y a rien de plus noble et de plus utile que de travailler sur soi-même pour s’améliorer et en venir à exprimer ce qu’il y a de meilleur dans la nature humaine.

À son niveau le plus élevé, nous connaître nous-mêmes, c’est plus encore que nous connaître en tant que personne ; c’est connaître notre âme elle-même, c’est-à-dire qui nous sommes en tant que personnalité animique. En effet, savoir qu’il existe en nous une entité spirituelle qui évolue de vie en vie est une bonne chose, mais savoir ce qu’elle est, au point   de s’identifier à elle, en est une autre. La philosophie rosicrucienne a précisément pour but de s’éveiller graduellement à cette dimension et de la conscientiser, jusqu’à pouvoir se dire en parfaite connaissance de cause : « Je me connais moi-même ». Il s’agit finalement d’en venir à penser, parler et agir, pas seulement comme un être vivant, mais également et surtout comme une âme vivante. Cela rappelle cette déclaration de Teilhard de Chardin : « Nous ne sommes pas des êtres humains vivant une expérience spirituelle ; nous sommes des êtres spirituels vivant une expérience humaine. »

Lorsque les Rose-Croix sortirent de leur anonymat au début du XVIIe siècle, ils s’adressèrent à « ceux qui recherchent la Connaissance ». En témoigne notamment l’affiche qu’ils placardèrent en 1623 dans les rues de Paris. Quatre siècles plus tard, il en est également ainsi de l’Ancien et Mystique Ordre de la Rose-Croix. Sous des formes multiples, l’ignorance, avec son cortège de fausses croyances et de superstitions, est toujours très présente et conduit les hommes à se nuire à eux-mêmes, aux autres et à la nature. Si l’humanité veut se donner un bel avenir et faire le bonheur de tous, elle n’a pas d’autre choix que de s’en libérer et de se mettre en quête de Connaissance. Si c’est aussi ce que vous pensez, je vous invite à partager cette lettre ouverte, ce qui permettra à d’autres d’en faire un support de réflexion et de méditation.

Avec mes pensées les plus fraternelles.

Serge Toussaint

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